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Éditorial : La revanche de Ramid

© D.R

S’agit-il du retour en force de Mustapha Ramid après une traversée du désert plus ou moins longue ? En tout cas, le député PJD de Derb Soltane-El Fida à Casablanca a décroché le gros lot lors de la nomination des présidents des commissions parlementaires marquant l’ouverture de la session d’automne du vendredi 14 octobre. Il prend la tête de l’une des commissions les plus en vue, celle de la Justice, de la législation et les droits de l’Homme. Et  les avantages confortables de la responsabilité qui vont avec. Dans son cas, cette désignation ne peut être que le fruit d’un compromis dûment négocié. 
Belle revanche pour celui qui fut le chef du groupe parlementaire du PJD avant d’en être écarté en 2004 par les siens. À ce titre, il aimait monter à la tribune pour faire des sorties trop provocatrices pour passer inaperçues. C’était tantôt contre la mission française au Maroc, tantôt contre les festivals organisés dans les villes du pays… Surfant sans retenue sur une vague populo-islamiste , encouragé en cela par la performance électorale de son parti lors des dernières législatives,  il faisait feu de tout bois au risque de casser la stratégie “des petits pas“ de sa formation dans sa quête de conquête du pouvoir. Les événements terroristes de Casablanca de mai 2003 aggravés quelques jours plus tôt par la fameuse sortie malheureuse sur nos colonnes de l’ex-secrétaire général du Mouvement Unicité et Réforme (Mur) Ahmed Raïssouni -dont il est très proche- sur la commanderie des croyants ont précipité la disgrâce de celui qui croyait dans sa bonne étoile. Son successeur à la tête du groupe parlementaire, Abdellah Baha, a pris le relais avec beaucoup de succès. C’est-à-dire de manière soft et sans trop de vagues. Objectif atteint. M. Ramid, lui, a dû vivre très mal sa mise à l’écart mais plutôt que d’en vouloir à ses amis du parti il fait assumer la responsabilité aux pouvoirs publics qui à ses yeux cherchent à le museler .  
En fait, Mustapha Ramid est un homme sympathique. Ce n’est pas, semble-t-il, le personnage spartiate, extrémiste que ses discours enflammés laissaient penser. Dans la vraie vie, avec sa famille et ses amis, il est décontracté  et il en tire un grand motif de fierté. Peut-être que l’intéressé a pendant sa traversée du désert  bien réfléchi à son avenir politique, décidant qu’avant de changer le Maroc en le réislamisant il serait profitable de changer d’abord sa propre situation. Sa nouvelle responsabilité parlementaire permet à cet avocat, qui a la réputation de défendre la veuve et l’orphelin, de fréquenter le ministre de la Justice Mohamed Bouzoubaâ lui aussi professionnel du barreau. De sa nouvelle fonction certes moins médiatisée que celle de chef du groupe parlementaire mais très prestigieuse, le député islamiste est certainement très content. Cela dit, il faut attendre un peu pour voir comment le nouveau Ramid va évoluer, quelles causes il va défendre et s’il a finalement mis de l’eau dans son vin.

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