Les Arabes ont apprivoisé le savoir pendant des siècles avant de le lâcher dans la nature. Ce n’est pas la faute au savoir s’il est largué au sommet d’une civilisation pour qu’il décline sur une pente raide. L’erreur incombe bien sûr aux Arabes, qui, arrivés au faîte du progrès à l’orée du treizième siècle, ont été éblouis jusqu’à l’aveuglement par leur propre puissance qu’ils croyaient éternelle. Depuis , c’est-à-dire durant plus 600 ans, ils n’ont jamais pu relever la tête pour suivre le rythme effréné du développement et du progrès scientifique. Du coup le monde arabe ne cesse pas d’accuser des retards dans tous les domaines pour se classer parmi les derniers de la classe. On savait qu’on était nuls mais depuis que le PNUD établit des rapports sur le développement humain élaborés, de surcroît, par des chercheurs arabes, on découvre que notre réalité est encore plus amère. On est, de très loin, à la traîne dans l’éducation, l’enseignement, la technologie, la recherche scientifique et tout ce qui relève de la science. Ce qui ne doit étonner personne dans un monde arabe miné par ses sempiternelles divisions politiques et la persistance de ses régimes despotiques. Quand la liberté est sous surveillance, l’esprit d’initiative devient une erreur et la créativité est assimilée à un délit. Ce ne sont pas les poèmes dithyrambiques qui louent hypocritement les qualités des chefs d’Etats à vie qui vont propulser les pays arabes dans l’orbite du progrès. Bien au contraire, ce cantonnement de l’esprit des intellectuels dans la complaisance des gouvernants est un signe de sous-développement avéré. Il signifie la prédominance de la dictature politique qui s’étend à la culture de l’idée unique dans les institutions politiques et économiques, dans l’école, dans les médias, voire dans la maison. L’enfant grandit ainsi dans un milieu répressif qui le prive de tout esprit d’initiative aggravé par un enseignement de mauvaise qualité. Rien d’anormal qu’il soit truffé de complexes pour se noyer dans un système où l’effort intellectuel et l’intelligence sont combattus comme la peste. Comme la science et la recherche scientifique n’ont pas de débouchés dans les pays arabes, tout le monde se replie sur l ‘économie de rente. La médiocrité s’installe comme une vertu et la recherche de l’argent facile supplante l’effort, la science et la recherche scientifique. Le professeur, le chercheur, l’ingénieur et le technicien ne font plus de recherche, ils lui préfèrent cette vertu de l’économie de rente qui leur apporte des gains substantiels sans qu’ils bougent les doigts. L’intelligence et l’esprit d’initiative sont devenus synonymes d’un bout de papier qu’on appelle autorisation ou agrément pour s’enrichir. On ne produit plus rien , on consomme avec les ressources d’un agrément de transport, d’exploitation de carrières, des ressources halieutiques ou pétrolières. Il ne faut pas s’étonner outre mesure que les cafés affichent complets du matin au soir dans les pays arabes. L’économie de rente encourage la paresse, fait du fonctionnariat une réussite sociale et de l’esprit d’innovation un signe d’échec. On est à la traîne, c’est peu dire quand le rapport du PNUD estime que l’enseignement arabe devrait être « arabisé ». C’est à croire que nous ne savons plus qui nous sommes.