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Éditorial : L’apport de l’IER

Les travaux de l’Instance Équité et réconciliation (IER) devraient prendre fin aujourd’hui 12 avril, après plusieurs séances d’auditions publiques des témoins des années de plomb qui ont commencé le 21 décembre dernier. Il ne reste plus au président Driss Benzekri et à son équipe, qui ont accompli une action historique et  inestimable saluée aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays , que de rendre un rapport final à S.M le Roi Mohammed VI.
Quel bilan tirer alors de cette opération inédite dans le monde arabe, censée réconcilier les Marocains avec leur passé ?
D’abord, une remarque non négligeable. Les appréhensions exprimées ouvertement par certains esprits décalés, selon lesquelles le travail de l’IER est potentiellement dangereux, en ce sens  qu’il pourrait ouvrir la “boîte de Pandore“, se sont avérées inutiles. Si les intéressés, partisans du statu quo et de zéro risque, étaient écoutés, le pays aurait raté une grande occasion de tourner la page. Tel n’est pas le cas. Du coup, on a tout loisir de mesurer l’étendue de la clairvoyance et du courage du souverain qui a tenu à ce que les Marocains regardent leur passé en face pour mieux se projeter dans l’avenir. C’est désormais chose faite.      
L’élan émotionnel, né des différents récits des rescapés ou des témoins de cette période noire, a agi, en effet, comme une thérapie collective aux bienfaits incontestables. Récits dont les auteurs ont tous souhaité à l’unisson, sans esprit revanchard, ni rancune, que les atteintes aux droits humains ne se répètent plus, démontrant par la même occasion ce sens des valeurs qui fondent les grandes nations. Certes, certains militants des droits de l’homme étaient partisans d’une autre approche, celle qui consiste à livrer aussi les noms des tortionnaires. Mais force est de constater que cette méthode aurait éloigné l’IER de sa mission fondamentale : d’outil de réconciliation, elle se transformerait en tribunal. Ce qui n’est pas du tout sa vocation. L’action immense menée par l’instance présidée par Driss Benzekri, lui-même ancien détenu politique, a montré la capacité du peuple marocain à s’inscrire dans l’avenir, tout en amenant les dirigeants à résipiscence. Cependant, tout n’est pas encore réglé. Il faut désormais faire en sorte que le respect des droits de l’homme soit quelque chose d’irréversible, inscrit dans les faits comme un réflexe naturel. Ce qui nécessite un travail de fond et de longue haleine.  Immuniser la société contre les dérives émanant d’abus de pouvoir passe par deux choses essentielles : l’éducation et l’État de droit. Sur ces deux volets, le Maroc a beaucoup de chemin à parcourir. Il est vrai que la volonté de démocratisation et de modernisation du pays y est au plus haut niveau de l’État,  mais il importe qu’elle soit lissée sur les différentes strates d’une société où les droits humains, au demeurant, ont plus que jamais une acception socio-économique. 

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