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Éditorial : Le crime et la contrition

Moins de trois ans après leur condamnation dans le cadre de la loi antiterroriste suite aux attentats de Casablanca de mai 2003 où ils ont une responsabilité du moins indirecte, les leaders de la Salafiya Jihadia veulent faire parler d’eux. Dans ce sens, ils ont rendu public un communiqué où ils dénoncent leurs conditions de détention, menaçant d’entamer une série de mesures pour que leur situation carcérale soit améliorée.
Or, il semble que les conditions de ces prisonniers ne ressemblent en rien aux détenus islamistes d’Outita II qui avaient récemment protesté à raison contre les mauvais traitements qu’ils subissaient. Avant que le ministère de tutelle n’intervienne sur la base de conclusions objectives d’une commission d’enquête pour les rétablir dans leurs droits et sanctionner les geôliers coupables. Les Fizazi, Kettani et autres Abou Hafs père et fils sont, eux, très bien traités: télévision, téléphone, bibliothèque, livres, journaux… Un traitement 5 étoiles. Les intéressés bénéficient même de certains petits privilèges comme les visites intimes des épouses et la visite directe des autres membres de la famille. Une délégation de parlementaires a récemment constaté cela de visu.
Pour lever tout équivoque à ce sujet, les autorités judiciaires nationales ont lancé une invitation à des organisations internationales de défense des droits de l’Homme telles que Amnesty international et Human Rights Watch de se rendre auprès des amis de Abou Hafs dans la prison de Kénitra. La transparence totale. Alors de quoi s’agit-il ? Pourquoi les théoriciens de la Salafiya Jihadia mentent-ils sur leurs conditions de détention ? Selon toute vraisemblance, ils veulent attirer l’attention publique sur leur cas, se rappeler au bon souvenir des citoyens pour ne pas se faire oublier.
En effet, il n’y a pas pire que de se faire jeter aux oubliettes et de cesser tout à coup d’exister pour le monde extérieur. Cela doit être insupportable. Coupables selon la justice d’avoir diffusé dans la société une idéologie obscurantiste et violente qui fait l’apologie du meurtre, ces détenus, sans aller jusqu’à le crier haut et fort, cherchent en fait à provoquer une négociation collective avec les pouvoirs publics. La dénonciation de leurs conditions de détention est perçue comme un acte de chantage. S’estimant injustement condamnés pour des délits qu’ils n’ont pas commis, ils nourrissent en fait l’espoir d’être innocentés dans le cadre d’une révision de leur procès. Rien de moins. Or, cette demande n’a aucune chance d’aboutir et, à moins d’un jugement favorable de la Cour de Cassation, tout porte à croire qu’ils sont appelés à purger leur peine jusqu’au bout. Une peine très longue qui va de 10 à 30 ans d’emprisonnement.
Reste le dernier recours et espoir, la grâce royale. Pour cela, ils doivent la demander individuellement et faire, dans un élan de contrition sincère, amende honorable pour tout ce qu’ils ont pu commettre comme forfaits. Peut-être que leur dossier sera à ce moment-là examiné et le pardon envisagé…

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