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Éditorial : Le crime s’organise

L’organisation policière européenne Europol vient de publier la version publique de son rapport annuel sur la criminalité organisée dans l’Union européenne. Le document, qui procède annuellement à une radioscopie du crime organisé dans les pays européens, estime dans son édition 2004 que des organisations criminelles marocaines ont pu développer des liens avec des réseaux européens notamment dans le trafic de drogues.
Outre la résine de cannabis dont le Maroc reste le principal fournisseur de l’Union européenne avec plus de 900 tonnes en 2003, le rapport affirme que les bandes marocaines ont élargi leurs activités au trafic de drogues synthétiques et à leur acheminement vers l’Europe. Dans ce cadre, Europol affirme que le Maroc n’est plus uniquement un pays de transit mais qu’il serait en train de devenir une plate-forme de trafic de la cocaïne et des drogues synthétiques.
Mais, cette évolution n’est pas due à des raisons locales. Elle s’inscrit dans le cadre des mutations internationales que connaît le crime. À ce propos, le rapport de l’Europol relève une tendance à la mondialisation de la criminalité et au développement de l’internationalisation des réseaux criminels notamment en ce qui concerne le trafic de drogues.
En deux mots : la criminalité marocaine serait en train de procéder à une certaine « mise à niveau » pour se conformer aux changements qui ont lieu de l’autre côté de la Méditerranée.
Les bandes criminelles classiques basées sur les structures traditionnelles qui ont toujours existé au Maroc seraient donc en voie de disparition laissant la place à des groupes organisés. Selon cette évolution, le trafiquant de cannabis traditionnel qui entretient un réseau local dont le rôle se limitait à l’acheminement du haschisch vers les pays européens céderait la place à une structure plus organisée et maîtrisant toutes les branches de son domaine d’activités. Ces nouvelles bandes s’occupent de la production, la transformation et du transit vers l’Europe où la distribution se fait par des bandes associées. Par ailleurs, ce sont ces mêmes réseaux qui se chargent aussi du blanchiment d’argent. La mise à niveau du crime au Maroc est donc en cours. Et si à l’Europol, on est arrivé à cette conclusion, il est certain que les services de sécurité marocains sont aussi conscients de cette évolution de la criminalité au Maroc dont ils suivent de près les différentes mutations en adaptant leurs méthodes d’actions dans la lutte qu’ils mènent contre le crime.
Mais, l’adaptation des méthodes d’actions va de pair avec la mise à niveau continue des moyens humains et matériels mis à la disposition des services nationaux de sécurité. Or, le gouvernement donne l’impression de ne pas être très réactif à ce niveau étant donné que les budgets desdits services demeurent en deçà de leurs besoins.

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