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Éditorial : Le drame de Albérola

C’est une sombre affaire foncière qui se déroule à Marrakech. Des affaires comme on en voit souvent et qui finissent devant les tribunaux. Justement, le dossier qui nous intéresse a été porté devant la justice. De quoi s’agit-il ? Une ressortissante française du nom de Elisabeth Albérola, septuagénaire, vient d’être expulsée dans des circonstances sujettes à caution d’un terrain de 5 hectares, situé à Targa à Marrakech, sur lequel elle avait établi trois résidences qu’elle louait à des touristes. Propriété d’une société industrielle du nom de Sicoma qui ne figure pas dans les registres de la conservation foncière, ce terrain fut acheté par son beau-père en 1952. Mais la politique de la marocanisation en décida autrement. Un citoyen marocain, une personnalité politique connue, se porte en 1985 acquéreur de la propriété, évaluée par le document du titre foncier à moins de 200.000 Dhs.
En mai 2003, le terrain sera cédé aux Résidences Ben Rami à Casablanca qui engagent une procédure judiciaire contre l’entreprise Sicoma. Ce n’est que récemment, au cours des derniers mois, que les choses s’accélèrent pour faire exécuter l’arrêt d’expulsion. Or, l’huissier de justice a établi un PV en date du 28 juillet 2004 où il explique son incapacité de notifier le jugement vu qu’il n’a pas trouvé sur place le siège de la société en question et qu’il a rencontré une ressortissante étrangère. Mais un second huissier , accompagné de la force publique, revient à la charge quelques jours plus tard et parvient cette fois-ci à établir le PV d’expulsion en y déclarant avoir obtenu l’accord d’un homme qui s’est présenté sur place comme le gardien de Sicoma depuis 5 ans !
Or, est-il possible au point de vue du droit de faire exécuter un arrêt de justice contre une entité qui n’existe pas, en l’occurrence la société Sicoma ? Comment peut-on se jouer de la loi de cette façon aussi flagrante?
S’estimant victime d’une grosse injustice, Elisabeth Albérola crie au scandale. La voix nouée par l’émotion, cette vieille femme blessée a tout perdu, son bien qui vaut aujourd’hui plusieurs milliards et surtout ses arbres centenaires dont elle est inconsolable et que les bulldozers du nouveau propriétaire ont saccagés. Toute cette affaire sent le soufre.
Les tribunaux marocains sont peuplés de ce genre de litiges très particuliers au point que certains individus peu scrupuleux se sont spécialisés dans le rachat de biens fonciers et immobiliers en déshérence ou appartenant à des personnes esseulées et sans défense. Récemment, à Casablanca, une femme, mariée à un ressortissant italien décédé il y a une dizaine d’années, a été dépossédée de sa villa dans des conditions peu claires.
La justice est appelée à faire preuve de vigilance et de rigueur pour protéger les victimes des abus de ceux pour qui tous les moyens sont bons pour jeter leur dévolu sur les biens d’autrui.

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