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Editorial : Le marché des voix

Bien avant le début de la campagne électorale, un politique de renom a jeté beaucoup de suspicion sur l’honnêteté de ses collègues politiques en lice dans les Communales. Il a affirmé, sans ambages, qu’il reste confiant quant à la neutralité active de l’Etat. Il est loin de l’être vis-à-vis des élus quand ils passeront à l’élection des présidents de conseils de la commune et surtout de la ville. Et de fustiger la classe politique : «Si le ministère de l’intérieur a combattu avec efficacité la corruption par des sanctions et le concours indirect d’un scrutin de liste salvateur, les élus vont tout travestir entre eux». Autrement, si le candidat a été contraint de ne pas corrompre l’électeur, l’élu aura tout le loisir de devenir soit corrompu, soit corrupteur avec un siège à vendre ou à acheter. Mais cette fois-ci la barre de ce pernicieux marchandage sera élevée à un niveau supérieur pour que la cotation de la voix atteigne des sommes considérables. Quand on sait toute l’énergie en ressources humaines, financières et logistiques qui ont été affectées par les partis politiques pour conquérir les grandes villes, il faut s’attendre à ce que les batailles soient acharnées. Tout le monde a encore en mémoire ce qui s’est passé en 1997 aux élections de la communauté urbaine de Casablanca quand la loi des alliances et des affinités n’a pas fonctionné. Il semble que le même scénario va se répéter dans les six grandes villes au vu des premières tractations qui ont suivi l’annonce des résultats. Aussi bien à Casablanca, qu’à Marrakech ou Tanger, la bataille pour la présidence ne sera pas celle des braves, ni celle des affinités et des alliances politiques naturelles. D’autant plus que dans chaque ville, les élus rechignent à suivre les consignes de la direction de leurs partis pour personnaliser un choix pour une raison ou une autre. Il n’est donc pas étonnant que la loi du plus grand nombre de sièges gagnés soit décimée par des contre alliances, qui réfutent les convictions et font prévaloir l’intérêt personnel. Autrement dit, il est fort probable que l’Istiqlal ne remporte pas la présidence là où il a gagné le plus grand nombre de voix. Tout comme son dauphin, l’USFP qui risque de perdre ses bastions à Rabat et à Agadir faute d’une logique et d’une maturité électorale. Cela ressemble à un appel d’offres sur un marché non régulé d’il y a quelques années où le moins disant est écarté et le plus disant est retenu. L’illogisme politique obéit à ce même dérèglement où l’argent fagote toutes les règles, y compris celle de l’intelligence humaine. Le PJD qui a dégringolé par rapport aux élections législatives ne joue pas moins un rôle d’arbitre dans certaines grandes villes. Sauf que le parti à référence islamiste change, lui-aussi, d’alliances comme il change de positions en soutenant le RNI à Fès tout en se disant l’allié de l’Istiqlal ailleurs. Ce n’est pas un pêché d’avoir beaucoup d’amis surtout en politique où l’hypocrisie est assimilée à une vertu diplomatique.

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