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Éditorial : Le prix de l’indépendance

La lettre royale aux membres du Conseil supérieur de la magistrature insiste de nouveau sur l’indépendance de la justice. Ce n’est pas la première fois que le Souverain exhorte la communauté des juges à faire preuve de rectitude et d’impartialité dans son travail difficile qui consiste à rendre une justice juste en garantissant les droits des justiciables quel que soit leur rang dans la société.
Dans un secteur exposé en permanence à de grandes tentations matérialisées particulièrement par le pouvoir de l’argent, les magistrats ont l’obligation de ne pas y céder. C’est dire la lourde responsabilité qui repose sur les épaules de ces hommes chargés de faire appliquer la loi avec rigueur et dans la sérénité.
Plutôt que de l’indépendance de l’appareil judiciaire, il convient, dans le contexte marocain, de parler de l’indépendance des juges à l’égard de tout ce qui est de nature à altérer leur jugement. L’intégrité morale ne se décrète pas. Elle se construit par des actes. C’est une affaire d’environnement et de vision. Il s’agit, dans ce sens, d’assurer aux juges les conditions favorables qui leur permettraient de ne jamais se départir de leur sens du devoir. Le ministre de tutelle, Mohamed Bouzoubaâ, en est conscient : il a placé l’amélioration des conditions matérielles du personnel de la justice au coeur des préoccupations de son département. Des pas concrets ont été accomplis dans ce domaine en termes de valorisation des salaires des juges et leur accès au crédit logement à des taux préférentiels. Homme de loi et de droit, fin connaisseur des arcanes judiciaires, M. Bouzoubaâ s’est montré entreprenant là où ses prédécesseurs ont péché par leur extrême prudence.
Mais d’autres efforts restent à consentir pour que les juges soient dotés d’une situation qui les met, une fois pour toutes, à l’abri du besoin. Ceci doit pouvoir être possible étant entendu que la justice est l’alpha et l’oméga du développement d’un pays dans tous les domaines. Sans justice juste, point de progrès et d’État de droit.
Il est incontestable que la réforme de la justice, dans son ensemble, n’est pas seulement tributaire de l’amélioration des conditions matérielles des juges. Posséder un appareil judiciaire performant qui jouit de la confiance des justiciables est aussi lié au degré d’autonomie des juges par rapport à leur administration. Aucun autre pouvoir, qu’il soit financier ou politique, ne doit interférer dans le fonctionnement de la justice. Il faut laisser les juges faire leur travail et en contrôler la rectitude a posteriori. C’est une condition sine qua non pour sauvegarder la crédibilité de cet appareil aux yeux des citoyens. Ces derniers pensent toujours qu’il existe une justice à deux vitesses, l’une pour les pauvres et l’autre pour les riches. Ce n’est pas seulement aux juges d’oeuvrer pour changer ce sentiment. C’est l’affaire de l’ensemble des institutions du pays.
Le jour où les Marocains auront une bonne perception de leur justice, on peut considérer que le Maroc est un pays développé où il ne fait pas seulement bon de vivre mais aussi investir en toute confiance.

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