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Éditorial : le soleil obscur

On ne savait pas Noureddine Ayouch à ce point confit d’admiration devant le Parti de la justice et du développement (PJD). En tout cas, le président de Shem’s Publicité et de la fondation Zakoura ne tarit pas d’éloges sur les islamistes légalisés. À ces derniers, il trouve de nombreuses qualités qu’il a révélées dans un entretien accordé au quotidien Attajdid du 24 août dernier appartenant au Mouvement Unicité et Réforme (MUR) qui n’est autre que le gardien du temple idéologique des amis de Othmani. L’interviewé ne fait pas dans le détail, qui a asséné “qu’il est grand temps pour tout le monde de reconnaître les compétences du PJD pour qu’il travaille enfin dans le cadre d’une équipe gouvernementale forte“. Quelle grande trouvaille ! Les islamistes eux-mêmes doivent en être tout étonnés d’avoir un sympathisant aussi inconditionnel parmi le collectif “Démocratie et modernité“. Un collectif créé justement pour contrer l’idéologie rampante du PJD et du MUR. Mais voilà qu’il les caresse dans le sens du poil allant jusqu’à dire, dans un entretien précédent au même journal (12 mars 2004), ses “réserves“ pour le vocable “ islamistes“, regrettant au passage que ces derniers ne soient pas associés au gouvernement. Après un tel panégyrique, il ne reste plus à l’homme de communication, pour être cohérent avec lui même, que de passer armes et bagages chez ce parti décidément très sympathique.
En fait, M. Ayouch a réponse à tout. Imperturbable. Il convient réellement de saluer l’aisance qu’il a à passer de la sociologie à la politique et de la théologie à la laïcité. Il n’excelle pas seulement dans l’art de la société civile à la marocaine mais aussi dans celui de bien se positionner au cas où le PJD arriverait aux affaires.
Il est des arguments qui sont irrésistibles. Ils n’ont pas de couleur aussi. L’envie de préparer l’avenir le jour où il virera au vert est si forte que cela donne un aplomb extraordinaire à Noureddine Ayouch. De réflexion en position, celui-ci a osé déclarer sans ciller qu’une grande confusion entoure le concept de laïcité au Maroc, laissant clairement entendre que les discours officiels sur le caractère moderne et démocratique de la société marocaine ne sont que du pipeau puisque la Constitution institue la nature islamique de l’État (…) et que le Roi est commandeur des croyants. Comprenne qui voudra. Tout à sa perspicacité, le publicitaire poursuit sur sa lancée, faisant remarquer que l’État s’autorise ce qu’il interdit aux partis : ne pas utiliser la religion à des fins politiques. Mais le PJD, c’est aussi clair que l’eau de roche, a fait de la religion sa raison d’exister, le marche-pied pour arriver à son objectif. Mais M. Ayouch se garde bien sûr de reprocher cela à une formation dont “l‘expertise et la compétence doivent être mises au service du gouvernement“.
Faire rentrer le PJD au gouvernement ! c’est l’obsession du président de Shem’s qui croit dur comme fer que son rapprochement des islamistes ne sera pas une affaire obscure et qu’il ne va surtout pas fondre comme neige au soleil.

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