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Éditorial : Leçons de choses

La course à la mairie de Casablanca est unique dans les annales. Jamais élection n’a donné lieu à autant de coups de théâtre et de retournements de situation. Ça changeait tous les jours, voire toutes les heuresl. Les majorités se font puis se défont à un rythme très rapide dès le lendemain de la proclamation des résultats du scrutin communal. Aujourd’hui c’est tel candidat qui a la cote. Demain, c’est son concurrent qui est donné favori. Les grands électeurs, eux, ne savaient où donner de la voix. Ils négocient avec tout le monde. Juste après avoir rencontré le candidat de tel parti, ils se rendent en douce chez son adversaire. Ces scènes se répètent à l’envi. Les deux prétendants croient tenir la majorité nécessaire mais, en fait, ils ne tiennent rien du tout. Que du vent. La confusion s’ajoute à la confusion lorsqu’un troisième larron se jette dans la bataille. Le plus avisé des observateurs ne peut qu’être dérouté par un jeu aussi erratique et instable. Chaque jour apporte son lot de surprises. Le suspense persiste jusqu’au bout. Quelques heures avant le rendez-vous fatidique, on ne connaissait toujours pas les candidats qui allaient se présenter. Mohamed Sajid, grand favori dès le début, est redevenu candidat après que l’Istiqlalien Karim Ghallab- qu’il avait décidé de soutenir pour former ensemble un ticket gagnant- lui eut faussé brutalement compagnie pour s’acoquiner avec son adversaire l’USFP Khalid Alioua. Du coup, le binôme de choc devient Ghallab-Alioua. Ce dernier jettera l’éponge et se contentera d’être premier vice-président après avoir convoité le poste de président. Derrière ce coup de théâtre, il y a le sursaut tardif des partis de la coalition gouvernementale qui ont signé dans l’après-midi du lundi 22 septembre un pacte pour que Casablanca ne leur échappe pas. Les frères-ennemis, l’USFP et l’Istiqlal, qui filent tout à coup le parfait amour après s’être neutralisés dans nombre de communes et de villes, cela ne convainc pas grand monde. Surtout que les usfpéistes sont furieux contre les Istiqlaliens pour ne les avoir pas soutenu pour prendre le contrôle d’une capitale qui était à leur portée (premier parti en termes de sièges). Au lieu de cela, les élus du parti de Abbas El Fassi ont préféré voter pour le candidat du MP. À Casablanca, l’Istiqlal est venu en tête (19 sièges). Pour conquérir la mairie, il a besoin des voix de l’USFP et de celles des autres partis de la coalition gouvernementale. Or, l’USFP pourrait être tenté de rendre la monnaie à l’Istiqlal au risque de tout perdre. Ce scénario favoriserait la candidature de Mohamed Sajid qui, au-delà de son étiquette politique, continue à jouir de la confiance de nombre d’élus y compris ceux de la coalition gouvernementale dont beaucoup refusent de suivre la consigne de vote (pour le candidat Istiqlalien) de leurs partis respectifs. Tout porte à croire que les partis au gouvernement veulent faire de Casablanca la ville-symbole qui leur sauve la mise en faisant oublier leurs déchirements flagrants dans d’autres municipalités. Mais c’est trop tard. La victoire ne se décrète pas. Elle se construit sur des bases saines.

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