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Éditorial : L’élection des affaires

Si les élections font chanter les hirondelles de la démocratie dans les pays de la liberté du choix, il est de plus en plus évident que chez nous ces consultations font dire à nos perroquets des choses malsaines. Le calendrier électoral durant toute une année a été si chargé en échéances que tout a échoué sur l’autel des malversations et des hold-up de la volonté populaire. Celle-ci a été si traîtreusement travestie par la volonté mesquine ou mercantile des élus du peuple que personne parmi les plus humbles des électeurs ou le plus ardent partisan ne croit à l’utilité de ces élections. Il faut descendre dans la rue aussi bien dans le quartier populaire que chez l’élite pour comprendre que le ras-le-bol est général après le tollé de grande envergure provoqué par des élus sans principes, ni conviction. Ce qui est paradoxal chez des pseudo-politiques qui ont toujours accusé le ministère de l’Intérieur d’interventionnisme, c’est qu’ils louent avec religion la neutralité active de ce département si longtemps banni. Il est vrai que les hauts cadres de l’Intérieur ont révolutionné les derniers scrutins, mais ce qui est nouveau, c’est que les élus sont devenus les falsificateurs en puissance des résultats des urnes. Ils ont de loin dépassé tout l’arsenal de manipulation des bulletins déployé au temps de Driss Basri. Ce faisant les élus de la nouvelle génération ont réussi le pari de mélanger tout le cocktail politique national dans une seule assiette à géométrie variable. La pâte est si malléable qu’elle a permis de mouler la droite, la gauche, le centre, l’aile libérale, les conservateurs et l’extrême droite marocaine dans la même cuve. Une hérésie politique qui n’a étonné qu’une seule tranche de la population : les électeurs. Ce qui est en fait est une logique admise chez nous puisque les électeurs ne valent plus un clou après le vote. Par contre les grands électeurs comme ceux des Chambres professionnelles valent leur pesant d’or quand il s’agit de briguer un siège à la Chambre des conseillers. Il va de soi que les élections dans les chambres du commerce et de l’industrie engendrent un flux d’argent incommensurable. A tel point que le candidat d’un parti qui n’a pas les moyens de payer ses pairs cash n’ose même pas s’aventurer sur la ligne de départ. Imaginez qu’un électeur, industriel de surcroît, succombe à la tentation de percevoir une somme variant entre 50 000 et 100 000 dirhams pour renier ses convictions. A tel point que beaucoup ont voté contre le candidat de leurs partis, voire ils ont poussé l’effronterie jusqu’à représenter dans le bureau de vote un candidat d’un parti adverse. On comprend maintenant pourquoi ni l’amnistie fiscale, ni les autres avantages n’ont pas pu remettre à niveau des entreprises dirigées par des hommes d’affaires de cet acabit. Quand les riches tombent sous le charme de la corruption électorale, on peut affirmer sans être contredit que les élus communaux chômeurs bénéficient de circonstances atténuantes quand l’argent, même sale, les hypnotise.

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