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Éditorial : Les démissions de l’université

C’est un secret de polichinelle, l’université marocaine a depuis longtemps démissionné de sa fonction et s’est complètement déconnectée de son environnement. Ce recul n’est pas dû seulement au système d’enseignement, mais il est aussi la conséquence directe de la politique de l’Etat dans ce domaine et de la passivité des enseignants. Voire d’une obédience aveugle de tous les acteurs de l’université à une politique politicienne mue surtout par un souci sécuritaire destiné plus à cerner la « subversion » qu’à faire prévaloir le savoir. La gauche bannie à l’époque, était considérée par les pouvoirs publics comme un danger qu’il fallait éradiquer dans sa pépinière : l’université.
Mais si la répression a réussi dans son objectif en infiltrant certains enseignants et autres étudiants, elle a cultivé une forme plus grave de subversion structurelle et socioculturelle. L’université s’est claquemurée dans un cercle vicieux où se meuvent la bureaucratie, l’incompétence, l’ignorance et l’aveuglement extrémiste aussi bien chez certains étudiants que du côté enseignants. Le campus a totalement perdu son identité du savoir qui a été voilée par la violence de l’obscurantisme pour produire des diplomés-chômeurs à la pelle. Tout a été dépassé par l‘évolution du temps et du coup tout l’enseignement dispensé a reculé dans le temps pour s’éloigner des débouchés.
Pendant que les universités du monde s’ouvraient de plus en plus sur leur environnement politique et socio-économique, la notre a été assombrie par un obscurantisme total. Tout le monde a démissionné devant la peur suscitée par une minorité à tel point que plus de la moitié des étudiants quittent l’université sans diplôme. Le reste, on connaît son sort, il sort démuni de tout outil de travail pour affronter un marché de travail inaccessible. Un marché qui, par la force de la mondialisation et de l’évolution de la technologie moderne a depuis longtemps mis à nu la faiblesse des études universitaires. Il ne faut pas seulement mettre sur le banc des accusés le système d’enseignement ou l’Etat sans y associer les enseignants qui assument une grande part de responsabilité dans la déchéance de l’université. Le fonctionnariat a travesti leur mission de recherche, d’esprit d’initiative et de modèle pour l’étudiant.
Il est vrai que les enseignants ne sont aucunement motivés par des salaires dérisoires et des conditions de travail rédhibitoires pour se consacrer à la recherche. D’autant plus que l’Etat n’accorde à la recherche scientifique aucun intérêt en lui allouant une enveloppe de moins d’un pour cent du budget du ministère de l’enseignement supérieur. Quand l’Etat ne cultive pas l’esprit de recherche qui est le levier de développement, il est normal que les enseignants se cantonnent dans une résignation morbide. Normal aussi que les thèses s’accumulent sans être exploitées pour devenir inexploitables avec le temps et l’usure de la qualité de l’enseignement.

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