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Éditorial : Les exigences de la sécurité

Quand on évoque le flux migratoire dans la région euro-méditerranéenne, on pense toujours à un déplacement en masse du Sud au Nord des deux rives. Mais s’il est vrai que la quasi-majorité de cette ruée humaine se déplace effectivement dans ce sens, il n’en demeure pas moins que la migration des Occidentaux vers le Sud est tout aussi active quoique les raisons soient différentes. La traversée du détroit de Gibraltar par les Nord-Africains et autres Subsahariens est souvent liée à des raisons économiques. C’est pour cela que cette immigration est souvent clandestine et s‘opère souvent par le point le plus proche de l’Europe qui est le Nord du Maroc. C’est dire que la position stratégique du Royaume aux portes de l’Europe et de l’Afrique n’est pas toujours bénéfique dans un monde en profondes mutations. La fuite de la misère africaine, conjuguée avec la mondialisation et la globalisation, véhicule depuis quelque temps d’autres maux plus graves que l’immigration clandestine. Le terrorisme, le trafic de drogues dures et la mondialisation de la grande criminalité ont fait du Maroc une plaque tournante de ce flux et reflux explosif. Ce dernier qui émane du Nord a déjà frappé au Maroc en 1994 quand une bande franco-maghrébine de La Courneuve de la banlieue parisienne avait commis l’attentat de l’Atlas Asni à Marrakech. Il en est de même de la cellule dormante d’Al-Qaïda, composée de membres à majorité saoudienne qui préparait des attaques contre les intérêts occidentaux dans le détroit de Gibraltar. Autant dire que si l’immigration clandestine constitue un gros problème pour l’Europe, elle est devenue une source d’insécurité pour le Maroc visé pour sa position géostratégique. Sa proximité de l’Europe transpose cette dangerosité vers le Vieux Continent. C’est à juste raison d’ailleurs que le Groupe des cinq réunis à La Baule en France à commencé à travailler sur les suites des attentat du 16 mai de Casablanca. Leur présence au Maroc pour la réunion sur le dialogue Méditerranée avec les pays du Maghreb, dépassera de loin la problématique du flux migratoire. Il sera certainement plus question de sécurité et de collaboration contre le terrorisme que de flux migratoire même si ce dernier en est un vecteur potentiel. L’Espagne, la France , l’Italie , le Portugal et Malte sont acculés aujourd’hui, plus que jamais à penser leur sécurité à partir de la rive Sud de la Méditerranée. Le Maroc, qui a été longtemps mis à l’index par l’Europe sur les questions de l’immigration clandestine et la culture du cannabis, est aujourd’hui plus que jamais visé par le terrorisme international. L’Union européenne qui a longtemps disserté sur la culture de substitution et l’octroi d’une aide substantielle au Maroc, n’a pas tenu parole. L’Espagne, qui est le plus proche voisin du Maroc a beaucoup plus versé dans la provocation et les obstacles que dans une coopération sincère et indispensable. C’est pour cela qu’il faut profiter de cette rencontre, et de celle qui l’a précédée en France, pour établir une véritable collaboration pour la sécurité du Detroit, de l’Europe et du Maroc et du Maghreb. Mais une zone de sécurité a un coût, c’est qu’il faut donner au Maroc les moyens pour être le gendarme du Detroit.

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