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Éditorial : Les vrais enjeux du recensement

Le Maroc connaîtra le nombre de sa population et son profil socio-économique au terme du recensement général qui se déroulera en septembre 2004. Cinquième opération du genre depuis l’indépendance du pays en 1956, le recensement général de la population et de l’habitat (RGPH), au-delà des éléments démographiques qu’il fournira, était devenu nécessaire pour dresser un bilan précis des 50 dernières années en termes d’efforts accomplis par le Maroc en matière de développement humain. Dans ce cas précis, le RGPH est un outil fiable pour mener une évaluation des politiques publiques suivies dans les différents domaines (éducation, habitat, formation…) de telle sorte d’adapter ces dernières en fonction des besoins réels des populations et des carences constatées dans tel ou tel secteur. Il s’agit aussi de rectifier les différentes données et les chiffres disponibles qui péchent souvent par leur inexactitude pour des raisons politiques visante à présenter pour l’extérieur un visage du Maroc qui soit moins désavantageux. Le Royaume étant un pays à vocation agricole ou rural à plus de 60%, il serait judicieux que le RGPH 2004 accorde une attention spéciale au Maroc des champs. Ici, un travail très intéressant pourrait être accompli pour peu que l’organisme chargé de l’opération s’attache à en déterminer les caractéristiques profondes dont l’une d’elles reste un fort taux de natalité supérieur à celui des villes. Les populations rurales ont aussi ceci de particulier qu’elles ne revendiquent jamais attendant que les pouvoirs publics veuillent bien leur apporter de temps en temps un peu des attributs de la civilisation (eau, électricité, routes, écoles, dispensaires…). Mais comment vivent ces populations qui pour la plupart ne disposent pas de revenu en l’absence sur place d’activités adaptées à leur milieu ? La réponse se trouve en ville en ce sens où les familles des campagnes y ont chacun un des leurs qui subvient tant bien que mal aux besoins de ses enfants, de ses parents ou de ses frères et soeurs. Mais ces nouveaux arrivants souvent sans instruction ni qualification viennent grossir la masse des chômeurs et des déshérités. En un mot, le Maroc paie au prix fort la négligence du monde rural et de ses besoins légitimes par le phénomène de l’exode. Phénomène qui à son tour a enfanté les bidonvilles, la misère urbaine et autres formes de déviance sociale. Les militants de la Salafia Jihadia, qui aujourd’hui donnent des insomnies aux services de sécurité, sont le produit de cette émigration interne incontrôlée. Faute d’une politique d’accueil et d’intégration des candidats au départ en milieu citadin, cette cohorte de désillusionnés en vient à éprouver un grand ressentiment envers les gouvernants que les organisations intégristes exploitent et instrumentalisent pour semer la zizanie dans la société… Comme quoi, l’avenir du Maroc se trouve dans le monde rural. Tant que les pouvoirs publics n’auront pas mis en place une véritable politique de fixation des populations rurales dans leur environnement, conjuguée à la création de structures d’accueil comme les villes-tampon pour les ruraux attirés par les lumières de la ville, la fracture sociale avec tous les risques qu’elle comporte ne fera que s’aggraver… C’est dire l’importance cruciale du recensement 2004. Les résultats de celui-ci ne doivent pas servir à perpétuer la planification du sous-développement et de l’imprévoyance politique.

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