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Éditorial : L’impunité qui tue

Les médecins sont-ils au-dessus des lois? La question mérite d’être posée surtout pour les cliniques privées et les hôpitaux où les patients admis pour une opération chirurgicale banale sont expédiés parfois à la morgue. Au Maroc, les cas de ce genre sont réguliers. Mais, fait important, les proches des victimes brisent la loi du silence qui a longtemps entouré la question ; ils commencent, en effet, depuis quelques années, à dénoncer ce qu’ils estiment être des erreurs médicales et recourent même à la justice pour connaître la vérité. Or, celle-ci, semble-t-il, s’est perdue jusqu’ici dans les méandres de gros enjeux.
Il y a deux ans environ, deux malades admis dans deux cliniques casablancaises pour une opération chirurgicale bénigne ont succombé de manière presque concomitante au cours de l’intervention. Ces deux affaires, très médiatisées, avaient fait grand bruit, donnant lieu, pour la première fois, à des sit-in de protestation des proches soutenus par des militants des droits de l’Homme devant les établissements incriminés. Les tribunaux ont été saisis à leur tour, mais on attend toujours leur verdict sur ces drames.
Quant au Conseil de l’ordre des médecins, il monte rarement au créneau pour sanctionner le médecin ou la clinique mise en cause. Il est temps que cette instance assume ses responsabilités. Mais hormis quelques familles endeuillées qui osent braver le silence, combien d’autres, résignées, se taisent souvent par fatalisme et foi dans la volonté divine (Dieu a voulu rappeler le défunt à Lui)! La famille de Sakina Yacoubi, une femme de 49 ans qui a perdu la vie récemment (voir enquête ci-contre) à l’occasion d’une opération chirurgicale de la colonne vertébrale menée, du reste, dans des circonstances sujettes à caution par un médecin à Casablanca, refuse, quant à elle, de croire à un quelconque coup du sort et a porté l’affaire devant la justice. Certes, les erreurs médicales représentent un sujet complexe et difficile à trancher. Il se peut que la victime succombe normalement suite à des complications post-opératoires ou pendant l’opération mais la question est de savoir si le chirurgien a pris toutes les précautions requises pour que son acte se déroule dans de bonnes conditions.
Certains médecins véreux privilégient le recours au scalpel pour des raisons matérielles, alors qu’un traitement est largement suffisant pour soigner le patient. Mais il ne faut pas se cacher derrière la complexité de la chose pour perpétuer une espèce d’immunité médicale qui fait que les médecins ne sont pas responsables de leurs manquements à l’exercice de leur profession. Grâce à l’autopsie du corps par l’institut de la médecine-légiste, à la collaboration d’une commission d’experts de la profession et aux investigations de la justice, il est possible de déterminer si la mort du sujet était inévitable ou survenue à cause d’une erreur médicale. La médecine est un exercice de responsabilité.

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