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Éditorial : Milliardaires en maillot

Noureddine Naybet, 34 ans, touche un salaire mensuel, hors primes, d’environ 800.000 Dhs comme défenseur de l’équipe espagnole Deportivo La Corogne. Une fortune. Le chiffre, astronomique, fait rêver, à commencer par ses compatriotes qui en évoluant à domicile perçoivent des misères : Pas plus de 10.000 Dhs par mois pour les stars de la première division. L’écart donne le vertige. Abyssal, il est à la mesure de la distance qui sépare les pays développés de ceux qui ne le sont moins ou pas du tout.
La réussite dans tous les sens du mot pour un joueur de base passe par un contrat de transfert à l’étranger. Avant cela, il est obligatoire que le joueur local intègre le onze national. Seuls les plus talentueux ont la chance de devenir un jour des maîtres à jouer et des milliardaires en maillot à l’image d’un Naybet ou pourquoi pas d’un Zidane.
À la différence des équipes européennes où le foot-business brasse des milliards à la faveur des transferts faramineux des joueurs de génie et la négociation au prix d’or des droits télévisés, leurs homologues marocaines gèrent la pénurie financière en raison de la faiblesse des ressources du sponsoring, des recettes des matchs et du fruit des droits de leur retransmission télévisée. Résultat : le budget sur 4 ans des clubs du GNF1 ne dépasse pas les 52 millions de Dhs. Avec des moyens aussi dérisoires, l’on comprend aisément les difficultés multiples du foot national à atteindre le firmament du professionnalisme. On a beau tirer des projets sur le papier pour la professionnalisation du sport le plus populaire de la planète, il faut du concret : le nerf de la guerre doit être à la hauteur des enjeux. Ce qui est loin d’être le cas. Autrement, le foot marocain n’avancera pas d’un iota, condamné à être tiré vers le bas par les forces centrifuges de l’amateurisme. L’argent appelle l’argent et le tout est de savoir amener les grands groupes à mettre leurs billes dans le foot. Pour que cela soit possible, il est nécessaire de changer la manière de gérer l’exercice du ballon rond.
En fait, ce qui fait d’abord défaut c’est une politique optimale d’encadrement des talents avec la mise en place de pépinières où peuvent éclore les petites et jeunes graines de stars. C’est la base d’une pratique footballistique saine et efficace pour révéler et fournir suffisamment de doués du foot qui viendraient alimenter le championnat national et hisser son niveau. Ensuite, il importe de trouver des dirigeants capables de se projeter dans l’avenir et partant de mener cette discipline vers les rivages du développement et de la prospérité. Des dirigeants qui soient en phase avec les vrais défis d’un sport qui rapporte gros à condition de savoir le prendre par le bon bout.
La promotion sociale par le sport en général et par le foot en particulier n’est pas une chimère. C’est une réalité qu’il convient d’ancrer davantage dans le terrain par plus d’engagement et d’imagination dans le cadre d’une vision débarrassée des réflexes du passé et des petits calculs de boutiquiers.

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