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Éditorial : Nucléaire algérien

Signataire du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) depuis une dizaine d’années, l’Algérie refuse aujourd’hui de ratifier le protocole additionnel de l’AIEA malgré la demande formulée par les Etats-Unis, la France, la Grande-Bretagne et la Russie. Ce protocole confère un pouvoir de contrôle plus important aux inspecteurs de l’agence, leur permettant d’effectuer des contrôles à l’improviste et sans préavis des installations des pays signataires.
Par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Alger a répliqué qu’il accéderait à cette demande à la «date appropriée». La réponse de Abdelaziz Belkhadem ressemble fort bien à un subterfuge politique : le pays de Bouteflika attend pour s’exécuter que les puissances occidentales mettent fin à ce qu’il considère comme un «traitement de faveur» accordé à Israël sur la question très sensible du nucléaire. Une manière de botter en touche et de renvoyer le problème aux calendes grecques.
En fait, l’Algérie a décidé de résister aux pressions occidentales car elle a tout simplement des choses à cacher. En effet, l’AIEA soupçonne fortement Alger, qui dispose de deux centrales nucléaires, de produire du plutonium enrichi. D’où les pressions exercées sur le pouvoir algérien pour ouvrir ses sites à un contrôle inopiné. Ce dernier a beau expliquer que les capacités nucléaires algériennes sont utilisées dans le domaine de la recherche, tout le monde sait que la frontière entre l’usage scientifique et militaire est ce qu’il y a de plus infime. Les journaux algériens se sont fait l’écho de cette affaire qui a fait l’effet d’une bombe en s’offusquant, dans une explosion de colère, de la démarche du quatuor occidental à l’égard de leur pays.
Un article paru dans la publication «Al Bilad» en dit long sur l’état d’esprit général des responsables algériens : la demande des quatre puissances «rappelle aux esprits que les allégations sur l’existence d’une confiance réciproque, d’une alliance et d’une amitié n’est que la poudre aux yeux, parce que ce qu’ils viennent d’entreprendre n’est qu’une confirmation de l’absence de confiance et de la suspicion constante quelles que soient nos concessions». Cette phrase respire comme le dépit amoureux. Une femme qui se croit aimée et qui découvre brutalement, à la faveur d’un acte de son partenaire, qu’il lui a raconté jusqu’ici des sornettes. C’est du moins la conception algérienne de la politique étrangère et des relations internationales.
Les responsables de ce pays croient que les concessions gazières et pétrolières consenties aux puissances conjuguées à la diplomatie du chéquier un peu partout dans le monde peuvent tenir lieu de blanc seing qui leur permet d’accepter ou de rejeter ce qui bon leur semble comme si l’Algérie faisait partie du club des nations développées.
L’Algérie, rappelée ainsi à l’ordre, vient de se voir signifier qu’elle n’est pas au-dessus des lois et qu’il n y a de confiance réelle que celle qui rime avec transparence. Alger ne fait que renforcer la méfiance et la suspicion dès lors qu’il s’entête à refuser de se soumettre à la décision de l’AIEA d’autoriser les inspections inopinées de ses centrales nucléaires.

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