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Éditorial : Parlez M. Jettou !

Les pluies heureusement abondantes, en cette saison de fin de labours, ont suscité de l’espoir et de l’optimisme chez une grande partie de la population, consciente de la dépendance de notre pays vis-à-vis de l’agriculture. Les nappes phréatiques, les barrages, la faune et la flore ont certainement tiré un appréciable profit de cette manne. Même si, dans le même temps, ces précipitations ont mis à nu l’indigence des équipements de nos villes, la fragilité des infrastructures et la misère des populations livrées à elles-mêmes, du fait de la faillite de nos administrations et de nos collectivités territoriales. Il n’en demeure pas moins que l’accueil fait au gouvernement Jettou prêtait plutôt à l’optimisme, avant même qu’il ne rentre dans le vif du sujet et que ses membres ne prennent réellement les choses en main.
Et puis, on est entré dans une forme d’hibernation et de torpeur, encore une fois au diapason d’une météorologie grise et glaciale. Quelque chose n’arrive pas réellement à démarrer. Une sorte de défaut d’allumage ou de sous-régime qui ne permet pas de voir se déployer l’énergie et le dynamisme attendus et prêtés au team de Driss Jettou. Et si la belle unanimité faite autour des compétences du chef d’orchestre de cette formation continue à caractériser la plupart des commentaires et des déclarations, on assiste, avec de plus en plus de désolation, à une phase de jeu qui ressemble à ces interminables séances d’accordage des instruments des musiciens en début de prestation. On entend ainsi des bribes plus ou moins réussies de tel ou tel instrument, mais les multiples grincements et les bavardages en aparté retardent dangereusement le réel démarrage de la partition.
Il est vrai que le coeur n’est pas à la fête. L’atonie de l’activité économique nationale, la frilosité des investisseurs, l’environnement général qui prévaut dans le monde, les nécessaires réglages pour lisser les divers compartiments de jeu au sein du nouvel exécutif ; tout cela peut expliquer l’impression générale de morosité, mais il ne justifie en rien le déficit de communication du gouvernement sur des questions qui préoccupent les citoyens et sur lesquels ils veulent avoir de la visibilité et des assurances.
Les médias internationaux auxquels ont désormais accès de plus en plus de nos concitoyens reflètent, à longueur de journée, les profondes inquiétudes de l’opinion publique internationale concentrant de grands sujets d’actualité. La lutte contre le terrorisme avec ce qu’elle charrie comme dérives et comme désinformations, l’islamisme radical et l’écho qu’il rencontre auprès de tous les déshérités de la terre et la menace de guerre qui se précise de plus en plus au-dessus de l’Irak sont des points chauds sur lesquels les Marocains auraient aimé entendre les commentaires, les appréciations et la vision de leur Premier ministre.
Ce genre d’exercice n’est certainement pas un luxe. Il est au coeur même de la pratique du pouvoir.
Aujourd’hui plus que jamais. Les qualités et l’activisme déployés par le nouveau ministre de la Communication, Porte-parole du gouvernement, ne suffisent pas à combler ce déficit. Au contraire, l’homme risque de l’accentuer davantage s’il est compris comme un trompe-l’oeil ou comme un faux-fuyant.

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