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Éditorial : Portefeuille

Pas plus de 30.000 Dhs. C’est le salaire mensuel moyen, selon Fathallah Oualalou, perçu par les directeurs des établissements publics au Maroc. Pauvres responsables. L’argentier du Royaume a révélé ce chiffre au Parlement pour signifier que les cadres de la haute administration ne sont pas surpayés comme le laisse penser une idée très répandue y compris chez les représentants de la nation.
Le ministre de l’économie a tenu donc à mettre les pendules à l’heure. Circulez, il n’y a rien à voir ? Pas si sûr. Car le problème réel c’est que les cadres supérieurs du public ont pris l’habitude de mener un train de vie sans commune mesure avec leur fiche de paie officielle. Un train de vie aussi somptuaire que dispendieux qui laisse songeur et perplexe. C’est devenu même un fait qui s’impose comme allant de soi.
Comment est-ce possible ? Les intéressés touchent-ils de coquettes primes qui leur permettent de bien arrondir leurs fins de mois ? Ou bien exercent-ils d’autres activités qui leur procurent des ressources supplémentaires ? Dans l’un ou l’autre cas, force est de constater que M. Oualalou a été pour le moins court dans ses “révélations“ sous la coupole. Celui qui tient les manettes financières du pays est bien placé pour savoir une chose essentielle : les primes, pour ne parler que d’elles, touchées par les hauts cadres de l’administration notamment celle dont il est le chef sont telles qu’elles sont de loin plus substantielles que le traitement officiel. Mais ce pactole qui relève du non-dit n’apparaît nulle part.
Tout cela nous conduit à évoquer la réforme salariale au Maroc. Entre les bataillons rivés au bas de l’échelon avec des salaires très modiques et ceux qui bénéficient de revenus déclarés ou non astronomiques, il y a moyen d’introduire une bonne dose de justice de telle sorte de réduire les écarts qui sont abyssaux. Plusieurs fois annoncée à l’époque du gouvernement Youssoufi mais jamais entreprise, l’harmonisation salariale n’est même pas à l’ordre du jour sous le cabinet actuel qui croit être quitte en procédant à une petite valorisation de certaines catégories des sans-grade de la fonction publique.
Une mesurette destinée plutôt à calmer la colère du corps des fonctionnaires. Quant aux fonds du problème et les problèmes de fond, ils sont trop délicats pour les attaquer de front.
Et pourtant, le volume de la masse salariale dans le public, qui absorbe près de 13% du PIB, appelle une refonte en profondeur pour ramener ce pourcentage à un étiage acceptable. Rien de concret n’a été entrepris dans ce domaine. Juste des états de lieux dressés de temps en temps par la bien pensance économique nationale pour souligner que l’administration marocaine marche sur la tête.
Le drame du pays, c’est que les responsables font tout pour ne pas perdre et le confort du fauteuil et celui du portefeuille. Pourquoi bouleverser un ordre des choses très douillet ? Résultat : l’immobilisme tient lieu de politique très payante. Mais pour qui finalement ?

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