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Éditorial : Proies faciles

Les arnaques au pèlerinage et à Al Omra sont devenues monnaie courante au Maroc. Régulièrement, des citoyens, souvent analphabètes et au revenu modeste, sont victimes des agissements d’agents de voyages véreux qui, sans scrupule aucun, détournent l’argent de leurs clients. Cette fois-ci, au centre du scandale une agence de voyages de Casablanca qui a pignon sur rue. Il s’agit de Leicester Tours dont le patron jouit d’une bonne réputation auprès aussi bien de ses confrères que du ministère du Tourisme. Miloud Touil, c’est de lui qu’il s’agit, s’est tiré à l’étranger avec la caisse laissant derrière lui près de 200 victimes issues de différentes régions du Maroc. Les sommes détournées portent sur la bagatelle d’environ 10 millions de DH. Une affaire similaire a eu lieu à Marrakech où une agence de voyages du nom de Schwartz a escroqué de nombreux candidats à la Omra. Ces escroqueries viennent de nouveau poser le problème de la protection des candidats aux voyages religieux à La Mecque. Les autorités ont réussi plus ou moins à sécuriser l’opération d’El Haj qu’elle a entourée de certaines garanties comme le label que doit afficher sur sa vitrine chaque agence de voyages autorisée à “vendre“ des packages d’El Haj. Ces procédures furent mises en place après que des citoyens eurent été victimes, ces dernières années, des agissements frauduleux de certains agents de voyages. Ce qui n’est pas le cas de la Omra qui échappe à toute réglementation. N’importe quelle agence de voyages a le droit d’organiser ce type de séjours qui se déroulent sur toute l’année. Ce qui laisse la porte ouverte à tous les abus. Le ministère du Tourisme a tenté vainement d’encadrer la Omra en mettant en place les mêmes garde-fous qui entourent El Haj, à savoir l’introduction du système des quotas avec un cahier de charges précis et des contrôles rigoureux. Mais ces démarches ont butté sur le refus de la Fédération des agences de voyages. Pour cette fédération, il s’agit d’une position de principe qui considère que la Omra est un voyage organisé comme un autre. Autrement dit, si on encadre la Omra, il faut aussi encadrer un séjour touristique en groupe en Égypte ou en Thaïlande. En fait, le raisonnement des agents de voyages même s’il est compréhensible ne résiste pourtant pas à la réalité. Celle des arnaques en série qui touchent particulièrement les voyages religieux (Omra et Haj) et rarement les voyages d’agrément organisés. Ce n’est pas la même chose. La Omra par exemple met en jeu des sommes d’argent colossales pendant une période donnée : des milliers de candidats se ruent sur les agences de voyages pendant une période limitée dans le temps pour acheter leur séjour et déboursent rubis sur l’ongle (entre 30.000 et 40.000 DH par personne) à leurs risques et périls. Sans aucune garantie. Le client ne bénéficie ici d’aucune forme de protection. L’agent de voyages peut disposer comme il veut de l’argent engrangé sachant qu’il n’est soumis à aucun contrôle. La profession des agences de voyages, régulièrement secouée par des pratiques peu orthodoxes de certains opérateurs sans foi ni loi, doit sérieusement réfléchir à la question pour trouver une parade à ce genre d’arnaque. Il s’agit de trouver un système qui permette au candidat à la Omra de ne pas s’acquitter directement du montant de son séjour à la Mecque auprès de l’agent de voyages.

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