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Éditorial : Sévir

Selon une étude rendue publique, il y a quelques mois par le Comité des Nations-unies pour la lutte contre la drogue, il y aurait presque un million de personnes qui dépendent directement de la culture du cannabis et 500 mille autres qui subsistent grâce aux trafics parallèles de la distribution et de la vente clandestine du haschisch.
La même étude révélait que les champs consacrés à la culture et à la production du cannabis atteignent presque 200.000 hectares et la production de la résine du haschisch dépasse les 3.000 tonnes par an, ce qui signifie, sur le marché européen, une valeur de plus de 10 milliards de dollars.
Devant ces chiffres, il est vraiment difficile d’imaginer comment on peut lutter contre une activité aussi lucrative et qui a pris des dimensions faramineuses devenant ainsi, pendant plusieurs décennies, la principale source de revenu pour des milliers de familles de la région du Rif.
Réprimer et sévir avec fermeté contre les producteurs ou aider la population de la région à se recycler dans d’autres cultures agricoles, moins lucratives certes, mais légales et soutenues par l’État ?
Le gouvernement marocain a choisi de travailler sur les deux options. Depuis quelques années, le Maroc mène un combat acharné contre la culture du cannabis. Une lutte qui est menée sur trois fronts. D’abord, il y a l’intensification des opérations de police contre les réseaux de distribution locale et de trafic international. Concentrer les efforts des services de sécurité sur le démantèlement des réseaux de distribution s’est avéré ainsi un moyen efficace de lutter indirectement contre la production de la résine du cannabis. Ce choix a d’ailleurs été dicté par le fait que la région du Rif, où cette culture est très répandue, est géographiquement très difficile à contrôler, puisqu’il s’agit d’une région montagneuse couvrant une superficie immense. Ce qui réduit l’accessibilité et augmente les difficultés pour la lutte contre la culture du cannabis dont le coût devient impossible à supporter par le gouvernement d’une manière continue.
Le deuxième front est celui du développement local. Depuis l’accession de SM le Roi Mohammed VI au Trône, un programme de développement de la région a vu le jour. Il vise notamment de désenclaver la région et de la doter des infrastructures nécessaires pour y drainer des investissements.
Troisièmement, le Maroc a opté pour l’encouragement des populations locales à opter pour des cultures alternatives. Il s’agit de remplacer le cannabis par d’autres cultures. Or, cette méthode s’est révélée inefficace. Ce qui s’explique par le fait qu’un champ de cannabis est dix fois plus rentable que n’importe quel autre.
Enfin, il faut dire que le combat contre le Haschisch ne doit pas être mené par le Maroc en solo. L’Union européenne devrait s’y impliquer davantage aux côtés du Royaume. Bruxelles devrait faire preuve de plus d’engagement dans le processus de développement de la région du Nord du Maroc, afin des rendre réalisable toute politique d’éradication de la culture du cannabis.

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