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Éditorial : Sevrage

Voici venu le temps des imprécateurs et de ceux qui crachent dans la soupe. Le président de la CGEM s’est livré récemment, dans un entretien-fleuve à notre confrère La Vérité, à un exercice proprement effarant où il s’érige en pourfendeur de la “gouvernance“ actuelle qui ne trouve pas grâce à ses yeux. Tentative de se faire une nouvelle virginité ou attitude d’un homme aigri en rupture de pays réel ? En tout cas, Hassan Chami a fait fort en campant sur le tard la posture d’une espèce d’opposant avec un discours emprunté à la nébuleuse des nihilistes à la petite semaine. On croit rêver. Par son propos réducteur et revenchard, l’intéressé embarque l’ensemble de la CGEM dans une démarche que la majorité de ses membres sont non seulement loin de partager mais désapprouvent énergiquement. Ce faisant, il s’est écarté complètement du rôle que tout patron des patrons est censé jouer , être l’interprète des aspirations et des intérêts du patronat dans une logique d’interlocuteur des pouvoirs publics. Maintenant que l’affaire a pris une grande ampleur avec la réponse dans La Vie économique de cette semaine du ministre de l’Intérieur Mostapha Sahel qui l’a remis à sa place, M. Chami tente de temporiser dans les coulisses. Il juge que les propos tenus n’engagent que lui-même. Or, quand on est président d’une organisation comme la CGEM, on ne parle pas en son nom propre.       
Alors que dit M. Chami ?  En fait, des contre-vérités. Style, le Premier ministre actuel est gêné dans son action par beaucoup d’interférences qui réduisent d’autant sa marge de manœuvre. On voudrait vicieusement gêner Driss Jettou qu’on ne s’y prendrait pas autrement. Et puis, il y a ce message principal : soit on reconduit le système prébendier d’antan, soit la bourgeoisie dont il fait partie continuera sa grève d’investissement. En effet, tout au long de ses déclarations, M. Chami se trahit, laissant exprimer une frustration profonde liée à la fin de l’époque des privilèges et des rentes et l’avènement de l’ère de la compétitivité économique. C’est ce sentiment qui a certainement déterminé sa sortie médiatique ayant fait scandale jusque dans de larges franges du pouvoir et des milieux économiques. Sinon comment expliquer le fait que M. Chami ait commencé récemment à désinvestir dans des secteurs qu’il a réussis à intégrer du temps où il était un haut fonctionnaire? Quel type de message veut envoyer un patron des patrons qui cède de surcroît à une compagnie étatique les parts qu’il possédait dans une entreprise maritime ?  Alors que tous les efforts du pays tendent vers l’investissement productif et créateur d’emplois, un tel comportement n’est pas rassurant du tout ni pour le capital national ni étranger. C’est le moins que l’on puisse dire. Et puis, comment se fait-il qu’à l’ère de l’ouverture économique et du libre-échange, Hassan Chami s’est-il permis récemment de mobiliser le gouvernement pour imposer des mesures protectionnistes en faveur de l’industrie céramique nationale où il possède des intérêts ? 
En somme, Hassan Chami est très mal placé pour ruer dans les brancards ou donner des leçons. Une attitude pareille serait à la limite recevable de la part d’un responsable qui n’a pas grandi et prospéré à l’ombre de l’État. Une époque révolue que le président de la CGEM semble regretter de toutes ses forces. 

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