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Éditorial : Travers

© D.R

Le nouveau Code de la famille, célébré au Maroc et à l’étranger comme une réforme audacieuse, a besoin de plus que de l’auto-célébration. Pour que cette refonte rencontre les objectifs escomptés derrière sa mise en place, il est nécessaire qu’elle soit accompagnée sur le terrain d’un vrai dispositif en termes de ressources humaines et logistiques. Ces derniers font justement défaut risquant de vider cette réforme de sa substance. Les procédures de divorce ou de réconciliation, selon le nouveau texte, s’enlisent et s’éternisent devant l’insuffisance des moyens alloués. Il n’y a qu’à aller voir ce qui se passe devant le tribunal de la famille de Casablanca – la seule instance judiciaire pour une métropole comptant plus de 5 millions d’habitants –  pour s’en rendre compte (lire l’enquête ci-contre). Réformer est une excellente chose, mais encore faut-il se donner les moyens de ses ambitions.
Les juges, en sous-effectif, croulent sous les dossiers litigieux, les lieux sont trop exigus pour une charge de travail phénoménale, la logistique ne suit pas et finalement la délivrance des documents prend des retards importants à cause des navettes interminables entre les services du tribunal et les autres départements extérieurs. Tout cela crée un sentiment de lassitude et de démobilisation aussi bien chez les usagers livrés à eux-mêmes que les préposés à leurs affaires incapables d’aller plus vite que la musique. Les uns et les autres se retrouvent démunis face à cet état de fait. Tout se passe finalement comme si le Maroc avait le chic de reproduire les travers connus de  son administration sans cesse décriée. Travers que les pouvoirs publics sont au moins censés ne pas laisser se répéter dans les nouvelles structures créées. Le tribunal de la famille aurait pu en effet la nouvelle vitrine d’une administration marocaine moderne et efficiente. 
Pour résoudre le problème et rendre performante l’action des tribunaux de famille, il aurait été plus simple et rentable de sous-traiter, comme c’est le cas sous d’autres cieux, une bonne partie de ce travail logistique qui encombre la justice à des cabinets privés capables de célérité et d’efficacité.
Le caractère positif de la nouvelle Moudawana ne se mesure pas seulement à l’aune des chiffres officiels sur la régression du nombre des divorces ou la hausse de celui des mariages par rapport aux années d’avant son entrée en vigueur. C’est bien que la femme ait recouvert ses droits  mais les citoyens sont aussi en droit d’attendre un service de qualité de la part des tribunaux de famille, une institution devant répondre à leurs besoins dans des délais raisonnables loin des tracasseries en tout genre qu’ils rencontrent aujourd’hui. 

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