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Éditorial : Une profession malade

C’est quoi être aujourd’hui infirmier au Maroc ? La réponse se trouve dans la situation de cette catégorie professionnelle importante qui célèbre aujourd’hui 12 mai sa journée internationale.
Trop de problèmes, très peu de moyens et des conditions de travail extrêmement difficiles. Pour tout dire, ce n’est guère la joie. Et pourtant, l’infirmier est un maillon important dans un centre médical ; il fait office de lien entre le malade et le médecin, contribue aux soins et même au diagnostic dans un esprit de mobilisation et de sacrifice de tous les instants.
Au-delà de cette mission, il est censé apporter réconfort au malade et à sa famille. Or, la réalité sur le terrain est telle qu’elle est propre à inciter à la démobilisation et au défaitisme. Départs massifs à la retraite, démissions régulières, abandons de poste…
C’est le sauve-qui-peut au moment où le pays connaît un déficit important dans ce domaine avec un infirmier pour 2000 habitants alors que la norme doit être d’un infirmier pour 300 personnes. Les 300 postes budgétaires réservés chaque année aux recrutements du personnel infirmier sont trop insuffisants pour combler les désengagements constants de la profession. L’hémorragie continue de plus belle. Qui s’en soucie ? Apparemment personne.
Les infirmiers ont mal à leur métier qui suscite de moins en moins de vocation. Le travail s’en ressent. Naturellement. Qui s’en occupe ? Apparemment personne.
La dégradation des conditions du personnel médical soignant au Maroc a suivi la courbe de délabrement progressif du système de la santé publique. Cette crise a rejailli fortement sur les conditions des infirmiers qui loin de s’épanouir dans un cadre adéquat ont plongé dans une paupérisation accentuée par la négligence de leurs revendications par les autorités de tutelle. Enserrés dans un statut étriqué et caduc lié à la fonction publique, ils vivent leur malaise en silence, livrés à eux-mêmes. Ni formation continue, ni motivation, ni reconnaissance. Rien. Chargés de soigner les autres, ils sont eux-mêmes malades.
Selon l’association marocaine des sciences infirmières et techniques sanitaires, quelque 300 infirmiers seraient atteints par l’hépatite C. Quelle ironie du sort ! Cette situation est l’expression de la maladie de la santé publique au Maroc, minée par de multiples dysfonctionnements et insuffisances. Et puis, selon le ministère de la Santé, quelque 236 établissements de santé sont fermés pour cause de manque de personnel soignant. Malgré cela, aucune stratégie n’est mise en place pour remédier au problème de telle sorte d’accompagner l’accroissement des besoins en soins en termes aussi bien de qualité que de quantité. En l’absence d’une politique nationale claire et cohérente dans ce secteur stratégique qui commence par la réhabilitation du personnel médical (infirmiers, médecins), la santé au Maroc restera le parent pauvre des politiques publiques avec tout ce que cela génère comme détresse et désolation.

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