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Éditorial : Verrues urbaines

© D.R

Le discours du Trône du 30 juillet 2003 a posé de nouveau, mais avec une acuité particulière, le problème des bidonvilles au Maroc. Nourrie d’un état des lieux des plus déplorables, la charge Royale à ce sujet se justifie tant il est vrai que le phénomène de l’habitat insalubre comme l’a si bien souligné le Souverain n’est pas tombé du ciel. C’est un drame urbain qui s’est nourri dans les grandes villes du pays de la complicité des autorités locales et des compromissions des édiles communaux. C’est-à-dire ceux-là mêmes qui étaient censés combattre le mal. Pis, celui-ci ne cesse de prendre des proportions alarmantes au moment où il faut en arrêter la prolifération par des mesures appropriées. En fait, un véritable marché informel et juteux pour ceux qui les encouragent ou les couvrent- c’est un secret de polichinelle- s’est installé depuis des décennies autour des constructions anarchiques. La poussée de plus en plus forte de l’exode rural et la crise du logement due principalement à la cherté des maisons en dur ont dopé la demande au profit d’une ribambelle de marchands de la précarité sans foi ni loi. En fait, ce commerce éclatant reflète au fond l’échec des politiques d’habitat et d’urbanisme au Maroc. Les gouvernements qui se sont succédés, en particulier le ministère de l’Intérieur qui avait la haute main sur ce secteur et bien d’autres, ont laissé faire dans un esprit d’irresponsabilité totale. Rien n’a été entrepris pour canaliser et organiser les flux continus de l’exode. Où sont les villes-satellites ou tampon dont le rôle justement est d’accueillir dans des conditions décentes ceux qui sont attirés par les lumières urbaines? Regardez Casablanca, la capitale économique. Personne ne sait où elle commence ni où elle finit. Au lieu d’une ceinture verte qui protégerait la métropole, ils ont encouragé à sa périphérie la construction de grosses ceintures bidonvilloises ! Des verrues urbaines qui font peser en permanence une grave hypothèque sur le tissu social et sa cohésion. Mais où sont les responsables du massacre ? Certains se coulent actuellement des jours tranquilles ailleurs. Le pays paie aujourd’hui les frais d’une politique mijotée au laxisme, à l’imprévoyance, au clientélisme et aux prébendes. C’est surtout l’impunité qui a longtemps entouré le phénomène de l’habitat insalubre qui a conduit le pays à ce désastre. Il est temps d’ériger la sanction dans les deux sens en instrument de gouvernance tant à l’échelon local que national. Ce n’est pas le programme ambitieux des logements économiques à 100.000 Dhs mis en route par le gouvernement qui va à lui seul mettre fin aux multiples dysfonctionnements qui sapent l’urbanisme et l’urbanité au Maroc. Ce n’est pas non plus par la démolition sauvage des constructions anarchiques que le problème sera résolu. Une vision saine et intégrée tournée vers l’avenir et adossée à des mesures prophylactiques et répressives est nécessaire pour sortir les villes du sous-développement urbanistique et architectural où elles sont maintenues.

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