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Éditorial : Villes bidon

© D.R

Les bidonvilles, du moins à Casablanca, sont loin de connaître un moment de répit. Ces constructions insalubres continuent à voir le jour là où existe une parcelle de terrain vide, notamment dans les zones périurbaines de la métropole. Dans ces conditions, le programme ambitieux “Villes sans bidonvilles“ de la capitale économique sera constamment remis sur le métier, jamais bouclé, toujours ouvert. Mais au profit de qui ?
Après le discours royal d’août 2001 qui a pointé de manière très claire et ferme la responsabilité des acteurs locaux élus ou non, il fallait normalement procéder à un comptage de l’existant pour mieux figer son évolution à travers une espèce de carte de l’habitat anarchique. Ce travail a-t-il été effectué par les autorités locales ? Y a–t-il un suivi rigoureux du développement du phénomène ? Des sanctions sont-elles tombées ne serait-ce que pour l’exemple qui répriment les nouveaux bidonvillois et leurs complices parmi l’autorité locale ?
Rien de tout cela.  Tout se passe comme si le problème des bidonvilles était un sujet tabou alors qu’il se trouve au cœur de la politique actuelle de l’habitat au Maroc qui mobilise des moyens financiers et humains considérables. Ne finira-t-on donc jamais avec ces verrues urbaines qui ont achevé de défigurer les grandes cités du pays? En fait, les constructions anarchiques ne jaillissent pas spontanément, n’importe où. Elles ont une certaine intelligence qui fait qu’elles apparaissent comme par hasard dans les futures zones résidentielles, anciennement rurales et programmées pour devenir urbaines. Résultat : on  trouve pratiquement des baraques de bric et de broc, à mesure qu’avance le rouleau compresseur du bâtiment, à la lisière de chaque nouveau lotissement résidentiel comme une manière de dire que les villes marocaines relèvent du registre du bidon. En vérité, les bidonvilles dont les habitants sont promis d’être relogés deviennent une affaire juteuse pour certains futurs promoteurs immobiliers. Ces derniers achètent le foncier ainsi libéré à une bouchée de pain. Bonjour la spéculation. Elle fait rage à tous les étages. Qui contrôle et à qui profite ce jeu trouble?       
Trêve d’improvisation. Arrêtons le massacre. Le ministère de l’Habitat, engagé depuis quelques années dans des programmes de logement et de relogement de grande envergure, est censé travailler en parfaite concertation avec son homologue de l’Intérieur pour une bonne maîtrise et gestion des terrains destinés à être urbanisés. Ce qui n’est pas le cas du moins à Casablanca où les différents agents de l’autorité locale ont une vision parfois très personnelle du territoire.  Une métropole comme Casablanca, qui concentre l’essentiel de la richesse nationale, est victime du reste d’un mouvement d’exode jamais interrompu à cause notamment de la sécheresse. Chaque jour, plusieurs groupes de ruraux débarquent, grossissant ainsi les rangs des laissés-pour-compte sans que les premiers responsables de la cité ne réagissent. À ce rythme, les bidonvilles ont encore un bel avenir devant eux.    

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