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Editorial : Vote à main levée

Les autorités organisent depuis quelques jours une grande chasse aux rassemblements d’élus suspects. Malgré cette action d’envergure, le cirque des élus ripoux continue de plus belle… De Nador, à El Jadida en passant par Taza et Sidi Kacem…, le marché aux voix montre une vitalité à toute épreuve malgré les interpellations opérées par les autorités un peu partout à travers le pays dans le bazar électoral. Le trafic des conseillers est devenu un sport prospère avec ses règles, ses méthodes et ses rabatteurs. Les élus corrompus et leur chef de file corrupteur, une fois le deal douteux conclu, disparaissent dans la nature. Pour mieux se cacher et tromper la vigilance des autorités, ils sont trimbalés dans des autocars de ville en ville, loin de la région où ils viennent d’être élus. Ils ne reviennent que le jour de l’élection du président pour déposer le bulletin de leur maître dans l’urne. Le vote est secret. C’est justement le caractère secret de l’élection qui nourrit l’achat des voix et la corruption des grands électeurs. Si le vote était à main levée, les choses se seraient passées autrement. Les majorités qui se dégageraient seraient plus cohérentes, les élus sachant que leur geste est public n’oseraient certainement pas accomplir des votes contre-nature et douteux. Ils réfléchiront à deux fois avant de lever la main. Transparence oblige, les vendus se démasquent instantanément devant tout le monde. Que celui qui s’est vendu au plus offrant assume son acte devant les autres. De la même manière que l’achat des voix des électeurs a été réduit de manière considérable grâce à l’adoption du scrutin de liste, le vote à main levée de par son caractère dissuasif est susceptible de combattre la corruption des élus. La parade existe. Il suffit juste de la mettre en oeuvre. Autrement, à quoi sert d’organiser des élections transparentes à la base si ces mêmes élections sont dévoyées au sommet par ceux-là même qui ont profité de cette transparence ? Les pouvoirs publics sont interpellés par cette situation qui fait peser une grave hypothèque sur la démocratie locale. Il faut d’urgence mettre de l’ordre dans ce panier à crabe. Et il ne faut surtout pas compter sur les partis politiques pour faire ce travail salutaire. Ces derniers ont montré leur incapacité à maîtriser leurs élus qui ne leur appartiennent plus dès qu’ils gagnent leur siège. Le jeu est vicié dès le début. Le plus important n’est pas de gagner les élections sur le plan arithmétique mais de pouvoir dégager des majorités cohérentes capables de mieux gérer les affaires de la cité. Chose que les partis de la majorité gouvernementale sont incapables de faire malgré leur supériorité numérique dans nombre de villes. D’ailleurs, les islamistes du PJD tentent- et c’est de bonne guerre- de profiter de cette défaillance flagrante pour jouer le rôle d’arbitre des équilibres politiques à l’intérieur des conseils et nouer des alliances qui leur permettraient de s’offrir des vices-présidences dans plusieurs centres urbains. En fin de compte, c’est la faiblesse des partis classiques qui donne du relief à toute action des islamistes. Il est temps de réagir.

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