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El Guerbouzi est-il dans le coup?

© D.R

Mohamed El Guerbouzi a-t-il participé de près ou de loin aux préparatifs des attentats qui ont frappé le cœur de Londres faisant plus d’une cinquantaine de morts ? La réponse n’est pas du tout évidente. Présenté comme étant le suspect numéro un par la presse anglaise, Mohamed El Guerbouzi, ce maroco-britannique ancien moudjahid en Afghanistan et soupçonné d’être le leader du Groupe islamique des combattants marocains (GICM), a catégoriquement nié toute relation avec les attentats meurtriers de la capitale anglaise.
Dans une déclaration diffusée dimanche par la chaîne Al Jazeera, basée à Doha, Mohamed El Guerbouzi a démenti les informations publiées par deux quotidiens britanniques Daily Mail et The Independant, selon lesquelles Scotland Yard aurait transmis à la police européenne une demande d’informations au sujet du chef du GICM.
"Je ne suis pas en fuite. Les autorités britanniques savent parfaitement où je me trouve. Je démens formellement les accusations de la presse concernant mon implication dans des actes de terrorisme à Londres ou à Madrid. Il s’agit de fausses accusations répandues par les autorités marocaines", a-t-il dit.
En effet, le nom de Mohamed El Guerbouzi avait été cité lors des enquêtes sur les attentats du 16 mai à Casablanca et du 11 mars à Madrid. Dans les deux cas, son extradition a été officiellement demandée par les autorités judiciaires marocaines et espagnoles. Le parquet de Rabat a également souligné dans un communiqué que Mohamed El Guerbouzi, alias Abou Issa, est marocain né le 02/09/1957 à Larache, cuisinier de son état et établi à Londres. Il a été chargé d’étudier la situation économique, politique et économique au Maroc et de collecter des fonds au profit du groupe islamique combattant et que son séjour en Angleterre lui a facilité la tâche de collecter les fonds nécessaires. Il s’employait aussi à fournir des papiers et de faux passeports aux membres dudit groupe. Toutefois, la Justice anglaise n’avait donné suite à aucune des requêtes marocaines et espagnoles, estimant vraisemblablement que les preuves de l’implication d’El Guerbouzi dans les deux attentats n’étaient pas irréfutables. En tout cas, Mohamed El Guerbouzi continue à vivre librement en Angleterre avec ses parents et ses frères et sœurs. Né à Larache, Mohamed El Guerbouzi avait rejoint la Grande-Bretagne il y a une vingtaine d’années, et lors des procès à la suite des attentats du 16 mai à Casablanca, il écopa par contumace une peine de 20 ans fermes.
Pour sa part, un porte-parole de Scotland Yard, interrogé par l’agence de presse française AFP, a refusé de confirmer si une nouvelle demande d’extradition avait été faite concernant Mohammed El Guerbouzi, soulignant que "toute référence dans la presse concernant cette personne ne constitue pour l’instant que de la spéculation".
Selon certains observateurs, l’option d’une implication de Mohamed El Guerbouzi dans les attentats de Londres est à écarter pour plusieurs raisons. D’abord, l’homme fait l’objet d’une étroite surveillance de la part des services de sécurité britannique depuis plusieurs mois. D’ailleurs, lors de sa "disparition" le vendredi dernier, c’est-à-dire au lendemain des attentats de Londres, Mohamed El Guerbouzi subissait, en fait, un interrogatoire de la part des services britanniques. Et pour cause, les autorités britanniques n’ont absolument pas réagi à la suite de la diffusion de ces informations impliquant Mohamed El Guerbouzi. Elles ont indiqué simplement qu’il n’y a eu aucune arrestation en liaison avec les attentats et qu’elles examinent "tous les éléments d’information" pour faire avancer l’enquête. Le politologue Mohamed Darif (voir entretien ci-contre) considère ainsi Mohamed El Guerbouzi comme "une carte brûlée" pour Al Qaïda et pense même que ce Marocain originaire de Larache pourrait même collaborer avec les services de renseignement britanniques. Ceci rejoint les déclarations que l’avocat marocain Taoufiq Moussaïf avait fait dans une interview accordée à ALM  en avril 2004. Selon lui, les services de renseignement marocains ont essayé d’approcher Mohamed El Guerbouzi et de négocier avec lui, mais l’intéressé a décliné l’offre.
Quatre ans environ après les attentats du 11 septembre 2001, les enquêteurs américains n’ont pratiquement fait aucune avancée. De même à Madrid, où les poursuites se comptent sur les doigts des mains. On craint déjà que l’enquête sur les attentats de Londres risque de connaître le même sort. Les plus grandes puissances du monde ont du mal à cerner le mode opératoire et la logique de ce terrorisme d’Al Qaïda. Mêmes les revendications se font de plus en plus rares. Pour les attentats de Londres, les revendications sont jugées "peu crédibles". Al Qaïda estime-t-elle qu’un attentat se suffit à lui-même? Pas besoin donc de le revendiquer. Est-ce une preuve que ceux qui ont frappé à Londres ne sont en fait pas les islamistes d’Al Qaïda ? Mais si ce n’est pas eux, qui serait-ce ?

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