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El Hassane Boukentar : «Il faut réagir»

© D.R

ALM : Comment expliquez-vous la reconnaissance de la prétendue «Rasd» par l’Afrique du Sud ?
El Hassane Boukentar : On peut avancer deux hypothèses dans ce sens. La première c’est que le geste de l’Afrique du Sud était prévisible dans la mesure où le pays de Nelson Mandela menaçait à maintes reprises de procéder à cette reconnaissance. La seconde, c’est que cette reconnaissance est une surprise, compte tenu des changements de la conjoncture générale dans la région, voire dans tout le continent depuis quelque temps. Plusieurs pays ont retiré leur reconnaissance de la présumée Rasd et en même temps, on a assisté a une floraison de tentatives de règlement du problème par la voie politique. En somme, une lueur d’espoir se profilait à l’horizon pour un règlement définitif du problème. Le geste de l’Afrique du Sud semble ainsi carrément contre le courant.
Certains observateurs imputent cet état de choses à la faiblesse de la diplomatie marocaine face à son homologue algérienne. Qu’en pensez-vous ?
A mon avis, on ne peut pas expliquer cet acte uniquement par « la faiblesse » de notre diplomatie, ou rendre cette diplomatie responsable de la réaction de l’Afrique du Sud. Je pense plutôt qu’il existe plusieurs raisons.
D’abord, c’est avant tout une question d’intérêts entre l’Algérie et le pays de Nelson Mandela (vente d’armes, la manne pétrolière…) et particulièrement depuis la réélection d’Abdelaziz Bouteflika qui a donné, disons, un regain de confiance chez les Sud-Africains, pour qui, l’Algérie est redevenue un pays stable. Ce qui a permis ou plutôt facilité la tâche de la diplomatie algérienne, qui continue sur la voie préconisant que l’Algérie n’a pas changé de principe et continue de défendre le droit à l’autodétermination, etc.
Quelles conséquences de cette décision sud-africaine peut-on prévoir à propos du problème du Sahara marocain, sachant que l’affaire donnait l’impression d’être réglée, ou presque ?
C’est très difficile de prétendre quoi que ce soit et on ne peut prévoir une quelconque évolution. En revanche, quelques interrogations s’imposent.
Premièrement cette décision émane d’un pays très important au niveau du continent. Est-ce que son initiative sera suivie par d’autres pays ou est-ce que sa décision sera un geste isolé ? Deuxièmement, comment le Maroc compte-t-il contrecarrer cette décision ? Existe-t-il des initiatives qui expliquent davantage la notion de l’autonomie dont on parle de plus en plus ? Et comment va réagir la communauté internationale, puisque l’envoyé spécial est appelé à présenter des rapports sur la situation ? Il va donc falloir attendre pour savoir quelles seraient les réactions et les nouvelles propositions.
A votre avis, qu’est-ce qui n’a pas marché pour que l’on se retrouve devant une telle situation ?
Je crois qu’il y avait une mauvaise lecture du paysage politique internationale de façon générale.
Peut-être qu’il fallait accepter l’implication de toutes les parties concernées et ne pas concentrer tous les efforts sur une solution avec l’Algérie. D’ailleurs la politique de la main tendue du Maroc n’a pas trouvé d’échos.
Au contraire, nous avons pu constater une certaine agressivité de la part de nos voisins algériens. Et c’est peut-être ce qui a encouragé l’Afrique du Sud, qui hésitait, à se décider finalement. Le problème du Sahara est très compliqué comme il est soumis à plusieurs paramètres. Il me semble que pour nous, il n’y a pas d’autres alternatives que de redoubler d’efforts et essayer de proposer d’autres alternatives qui seraient intégrées dans une autonomie réelle pour anticiper le cours des choses au train où elles vont, pour être plus crédible et montrer que nous sommes vraiment sincères dans notre volonté de régler cette affaire qui n’a que trop duré. Il ne faudrait surtout pas attendre les réactions des autres pour réagir sinon le risque est gros que nous soyons mis devant un quelconque fait accompli.

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