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Elyazghi se recentre sur l’essentiel

© D.R

ALM : Concernant la question de la réforme de la Constitution, certains assurent que l’USFP l’a retiré de l’ordre du jour du 7ème Congrès. Qu’en est-il au juste?
Mohamed Elyazghi : La plate-forme sur laquelle notre prochain congrès national va travailler est claire. Nous avons l’intention d’évaluer, entre autres, toute la période qui s’étale de 1998 à aujourd’hui. C’est-à-dire l’expérience du gouvernement d’alternance consensuelle, ainsi que l’action de l’actuel gouvernement. Cette évaluation nous amènera à présenter un bilan et à le défendre. Par ailleurs, le Congrès élaborera un projet politique ambitieux, réaliste et surtout crédible. Dans ce projet, il y a bien évidemment la question des institutions, mais aussi toutes les autres réformes d’ordre économique ou social.
En clair, vous maintenez votre volonté de réviser la Constitution ?
Je tiens à vous rappeler que l’USFP et l’Istiqlal avaient déjà présenté un projet d’amendement de la Constitution, en octobre 1991, à Feu Hassan II. Nous avons également appelé à voter en faveur de la révision de 1996. depuis sept ans, l’USFP participe au gouvernement, et l’application de la constitution actuelle a connu une avancée certaine, donc nous allons analyser et évaluer le comportement des différents pouvoirs et les relations qu’ils entretiennent entre eux, pour arriver à élaborer un certain nombre de reformes politiques et constitutionnelles .
SM Mohammed VI a d’ailleurs appelé, dans un de ses derniers discours à «la consolidation de la transition démocratique ». J’estime, à ce titre, que la notion de «réforme» en est, inéluctablement, un corollaire.
Avant de réfléchir à une réforme constitutionnelle, ne pensez-vous pas que l’actuelle Loi fondamentale mérite au moins qu’on l’applique convenablement ?
Effectivement, dans la pratique démocratique, on ne finit jamais d’épuiser les ressources que contient une Constitution. Mais cela ne peut pas nous empêcher d’effectuer certaines rectifications. Par exemple, le rôle de la Primature doit être renforcée. Les attributions de la deuxième Chambre du Parlement méritent une refonte.
Etes-vous d’accord avec le Manifeste de l’association Alternatives, qui appelle, entre autres, à une révision des pouvoirs du Souverain ?
Dans notre vision de la réforme constitutionnelle, il n’est pas question de toucher à l’article 19 de la Constitution.
Certains militants de l’USFP vous reprochent d’octroyer, dans le prochain congrès, un rôle trop important aux sections régionales en matière d’évaluation de la période s’étalant de 1998 à aujourd’hui. Qu’en dites-vous ?
La question de la région est très importante. Notre pays a effectué le choix stratégique d’instaurer une décentralisation. La région doit être un cadre de développement politique, économique et social. Ce n’est pas encore le cas, parce que les conditions nécessaires pour atteindre cet objectif ne sont pas encore réunies. Voilà un parti qui donne l’exemple en impliquant les militants dans les provinces et préfectures, et qui renforce ses structures régionales .
En vous tournant, aujourd’hui, vers les régions signifie-t-il que vous les aviez oubliés auparavant ?
Sur ce point, je tiens à souligner un élément important. Les difficultés des partis démocratiques, et pas uniquement de l’USFP, ne viennent pas de leurs structures internes. Mais de l’Etat lui-même qui ne voulait pas, à un moment déterminé de l’histoire du Maroc, de partis politiques. Certes, la Constitution de 1962 avait octroyé une place de choix aux formations politiques, en tant qu’organes d’encadrement des citoyens, mais dans la pratique l’Etat faisait le contraire. L’USFP était interdit dans plusieurs régions du Maroc. Dans le Rif, par exemple, l’USFP était considéré comme persona non grata, sauf à Al-Hoceima, où nous avions réussi à ouvrir une section.
Justement, en parlant des difficultés au sein de l’USFP, on dit que vous ne vous entendez pas avec Mohamed El Gahs et Abdelouahed Radi.
C’est carrément du délire. Vous savez, mon élection en tant que Premier secrétaire du Parti s’est faite sur la base d’une plate-forme préparée au niveau du bureau politique après mûre réflexion. Et c’est cette plate-forme qui régit nos rapports.
Pour couper court à la rumeur, je vous assure que nous allons tous, unis, au septième Congrès. Et d’ailleurs, nous savions pertinemment, au moment de l’annonce de notre intention d’organiser le Congrès, que des coups vont fuser de partout. Mais heureusement, nous sommes blindés.
Quelle est la «touche Elyazghi», dans la gestion de l’USFP ?
Tout d’abord, je tiens à souligner que nous irons au septième Congrès avec un esprit de solidarité inébranlable.
Nous voulons défendre nos acquis, certes, mais nous ouvrir sur l’avenir. L’une des questions posées aux congressistes concerne l’identité du parti. Nous devons concilier entre nos choix historiques relatifs à nos valeurs socialistes, et nos perspectives d’avenir. Nous voulons ouvrir une nouvelle page, montrer un nouveau visage de l’USFP, en tant que parti social démocrate
Le renforcement des liens avec le parti de l’Istiqlal, alors que Me Abderrahmane Youssoufi préférait garder ses distances, serait-il une illustration de cette « touche Elyazghi » ?
Avec le parti de l’Istiqlal, nous sommes liés par la Charte de la Koutla. Les différents partis qui composent ce groupement ont décidé de consolider ce cadre de concertation. Nous avons réalisé un inventaire exhaustif, en mettant le doigt sur les choses à rectifier. Et je pense que cela est bénéfique pour tout le monde.
Vous tenez tant à la Koutla, alors qu’elle semble disloquée. Pourquoi ?
Il n’y a pas de dislocation de la Koutla. Au contraire. Dans un passé proche, nous avons milité au sein de la Koutla pour l’instauration d’un véritable Etat de droit. Aujourd’hui, nous avons le chantier des réformes à mener. La Koutla est donc toujours à l’ordre du jour et d’autres partis politiques peuvent y adhérer.
Comptez-vous nouer des alliances au sein de la Koutla avant les prochaines élections ?
Effectivement. Nous n’allons pas attendre les résultats des élections pour commencer à négocier. Nous devons nous mettre d’accord dès le départ.
Pensez-vous que cela va permettre à l’USFP de reconquérir les villes qu’elle a perdues ?
Nous n’avions jamais perdu quoi que ce soit. A Casablanca, nous n’avions que trois communes sur vingt sept environ, à la veille des élections 2003. A Rabat, deux communes sur quatre étaient présidées par l’USFP. A Fès, le même schéma. En saucissonnant les communes en 1992, le ministère de l’Intérieur empêchait l’émergence d’une majorité USFP. La seule ville que nous avions effectivement, et nous l’avons toujours d’ailleurs, c’est Agadir, en 1993 nous n’avons pas réussi à reconquérir Casa et rabat.
A Rabat, l’Istiqlal s’est allié contre l’USFP. Ce qui lui a fait perdre la présidence ?
Nous, Partis de la Koutla démocratique, nous n’avons pas réussi dans le cas de Casablanca et Rabat a monté une alliance solide, qui peut regrouper d’autres élus démocratiques pour réussir l’unité de la ville retrouvée.
Toujours concernant vos relations avec l’Istiqlal. Qu’en est-il de vos discussions au sujet de la présidence de la Chambre des représentants ?
Il n’y a pas de discussions à ce jour à ce sujet. Les choses sont claires depuis le début. L’élection d’Abdelouahed Radi à la tête de la première Chambre était la première action réalisée par la majorité parlementaire réunie autour du Premier ministre Driss Jettou. A l’USFP, nous estimons que le choix d’Abdelouahed Radi est valable pour toute la législature. En toute logique, Abdelouhed Radi devrait succéder à lui-même au moment de l’ouverture de la session d’avril prochain.
Mais déjà, l’Istiqlal et l’Union de la Mouvance Populaire briguent le fauteuil du président.
Je vous dirais une seule phrase : revenir sur un aspect des accords conclus au moment de la formation de la majorité parlementaire, c’est remettre en cause l’ensemble des clauses. En outre, Abdelouahed Radi joue un rôle important à l’échelle internationale. Son bilan est largement positif.
Sur un autre registre, pensez-vous que la marche du 6 mars était réussie ?
Absolument. C’est la première du genre, et pourtant son impact est grandiose. Grâce à la télévision régionale de Laâyoune, les séquestrés ont pu voir que leurs concitoyens ne les oublient pas. Les instances internationales, le HCR notamment, sont interpellées sur la situation inhumaine des détenus et séquestrés, ils doivent maintenant entreprendre un véritable recensement des réfugiés, comment se fait-il que depuis une vingtaine d’années, le gouvernement algérien fourni toujours le même chiffre de 165.000 réfugiés à Tindouf.
C’est aberrant. Grâce à ce recensement, nous pourrons connaître le nombre exact de ces réfugiés. La communauté internationale doit agir immédiatement pour libérer les séquestrés et garantir la liberté de déplacement pour l’ensemble des réfugiés.

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