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En optant pour une monarchie constitutionnelle et parlementaire, le Maroc consolide sa démocratie

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Il va être difficile, aujourd’hui, pour ceux qui ne croient pas au changement constitutionnel au Maroc de pouvoir donner corps, dans les faits, à leurs réserves. Les lignes ont bougé. C’est indéniable. Le projet de Constitution de 2011 constitue une avancée considérable par rapport à la Constitution de 1996. Si l’objectif était, depuis les recommandations de l’IER, de faire un pas vers la consolidation de la démocratie et des droits de l’Homme, ce pas a été franchi. Le Roi sur cette question a été clair, et définitif, lors de son discours du 17 juin 2011. Si l’objectif était de faire du Premier ministre un acteur politique et institutionnel majeur et, désormais, émancipé on peut dire qu’une avancée considérable est enregistrée vers l’autonomisation du chef du gouvernement. Si la volonté de faire du pouvoir judiciaire un pouvoir indépendant était réelle on peut dire selon le projet de Constitution que cette volonté s’est exprimée d’une manière crédible. Si, également, on a voulu donner plus de force représentative au Parlement, les élus de la Nation peuvent désormais dire sans ambages qu’ils auront plus de poids à l’avenir que leurs prédécesseurs. Si, aussi, il fallait à la faveur de ce chantier constitutionnel ancrer les principes de la bonne gouvernance, de transparence, de responsabilité, de proximité démocratique locale et régionale, de parité, de légitimité de la société civile, de droit à l’information, de liberté de la presse, de protection de l’enfance et de promotion de le jeunesse, etc. tous ces principes ont été réaffirmés sans crainte d’entrer dans les détails et de produire un texte constitutionnel plus long et plus complet que le précèdent. Enfin, si les pouvoirs du Roi devaient gagner en clarification et en précision par rapport aux autres pouvoirs : exécutif, législatif et judiciaire, si telle était vraiment l’ambition, on peut dire que nous sommes, aujourd’hui, plus dans la perspective d’une monarchie constitutionnelle que par le passé et qu’un pas vers la «parlementarisation» à terme du régime a été sûrement franchi. Maintenant, pour être clair, si l’objectif des adversaires de ce processus de rénovation constitutionnelle, sérieux, mesuré et profond, est de peser, par la rue et par des manipulations diverses, pour un changement radical de régime, ils ont le loisir de constater — le rapport de force politique n’étant pas en leur faveur — que cela n’est pas possible. Hélas, pour eux, et là il faut faire mention directement aux intégristes de JAWI (Jamaat Al Adl Wal Ihssane), les parangons de la vertu, l’heure de la République islamiste n’a pas sonné au Maroc. Quant à ceux qui souhaitent, notamment à gauche de la gauche, parfois des nihilistes en déshérence ou des activistes immatures à la recherche de nouveaux modèles paternels, aligner, aujourd’hui, le Maroc sur des modèles monarchiques où le Roi règne symboliquement mais ne gouverne pas du tout, ils saisiront assez vite que le peuple marocain veut l’inverse, il veut la monarchie et veut que le Roi du Maroc, SM le Roi Mohammed VI, joue un rôle prépondérant et concret au niveau de cohésion nationale et assume une fonction d’arbitrage contre toutes les dérives, possibles ou suscitées, politiques, sociales, culturelles ou religieuses. Les Marocains, aujourd’hui, — c’est un fait, les adversaires de la Constitution n’y pourront rien — ne conçoivent pas le Maroc en dehors d’une garantie royale effective de leur égalité, de leurs libertés, de leur vivre-ensemble et de leur diversité. Ils investissent cette garantie royale de toutes les attentes et de toutes les aspirations pour un Maroc meilleur, plus digne, plus égalitaire et plus juste, protégé de l’aventurisme suicidaire, du chaos programmé ou de l’exacerbation des divisions de la société et son antagonisation. Le Maroc joue, ici, une séquence historique très particulière qui le voit en train de créer avec imagination et créativité un modèle démocratique endogène. Sans violence. Dans la paix civile. Et dans le respect des institutions. C’est un modèle marocain de démocratie qui voit le jour, la volonté est réelle et l’effort est sensible, sans s’adosser à des modèles régionaux qui malheureusement n’existent pas dans notre aire culturelle, ni s’appuyer sur des modèles importés qui ne peuvent être pour nous d’aucun secours. L’objectif du référendum constitutionnel est justement de permettre aux Marocains de s’exprimer, de débattre, de donner leur point de vue en toute liberté et en toute démocratie. Les tenants du «Non» devront nous dire, puisque nous, nous appelons à voter «Oui», les soubassements et les fondements de leur position, et surtout décliner, pour ce qui nous concerne, la valeur patriotique de ce refus du progrès et de l’émancipation politique et nous dire également en quoi ce «Non» sert les intérêts stratégiques du pays et augure d’une aube nouvelle pour la démocratie en cette conjoncture arabe et mondiale extrêmement chahutée. Il est vrai que le débat doit avoir lieu, en priorité, avec les jeunes du 20 février qui ont gagné leur légitimité en portant très haut les aspirations de la jeunesse marocaine et en bousculant une classe politique tétanisée par l’incompétence et les enjeux de pouvoirs. Il n’est pas, par ailleurs, évident de pouvoir débattre avec les intégristes de JAWI qui ont, malheureusement, gravement phagocyté le mouvement du 20 février en le détournant de sa vraie nature : une protestation pacifique pour l’égalité et la dignité. La contribution de JAWI — un mouvement illégal dont l’objectif réel est de renverser le régime — au débat démocratique est quasi nulle et sa participation à la construction de la démocratie est très, pour utiliser un euphémisme arrangeant, «problématique». Le seul moyen aujourd’hui de continuer à débattre avec les jeunes du 20 février est de tracer une ligne de partage, franche et nette, entre leur démarche et celle, notamment, de JAWI. Avec eux on peut imaginer un avenir ensemble. Pas avec les autres. Les politiciens professionnels partisans du grand soir de la kawma rouge ou brune. Le référendum donnera la possibilité au Marocain de se «compter» sur le texte fondamental que constitue ce projet de Constitution. Nos compterons les «Non». Nous compterons les bulletins blancs. Et nous compterons bien naturellement les «Oui». C’est la règle de la démocratie dans un scrutin transparent. Mais le plus significatif pour notre pays, l’indicateur le plus décisif, sera le taux de participation. C’est celui qui comporte aujourd’hui le plus de sens et qui engage le plus fortement l’avenir. C’est sur le taux de participation à ce référendum que l’on pourra juger la qualité de l’adhésion du peuple marocain à ce processus constitutionnel de consolidation de la démocratie. Ne pas aller voter à cette occasion est un geste lourd de conséquences pour notre vie publique, pour les protagonistes de la vie politique et pour l’avenir de la Nation. Le choix de la transparence absolue — observée, mesurée, et vérifiée — fera du taux de participation un élément déterminant de validation de l’ensemble du processus. Il y va de sa crédibilité et de notre avenir. Maintenant personne ne peut dire que le chemin vers la démocratie effective que le Maroc a choisi est pavé de roses. Et que cela sera une longue promenade tranquille. A part le fait majeur et nécessaire que la nouvelle Constitution doit pouvoir, à moyen terme, rencontrer la classe politique qu’elle mérite — ce qui est pour l’heure assez difficile à concevoir — les défis sont nombreux et les épreuves multiples. Le premier défi est la capacité des partis politiques marocains à mobiliser autour du projet de nouvelle Constitution. Ça va être difficile car la confiance entre les citoyens et les partis politiques est quasiment perdue. Il faut — auront-ils le temps ? — reconstruire un nouveau lien qui donne une dernière chance à l’avenir de l’action politique dans le pays. Il est évident que l’appel de SM le Roi à voter «Oui» au référendum sera entendu mais ce qui est en jeu, c’est la capacité des partis à donner envie aux citoyens, à cette occasion, de prendre en main, en toute confiance, leur destin. Le deuxième défi c’est l’explication du texte constitutionnel lui-même. Sa richesse, ses innovations, son champ inédit, ses clarifications nouvelles méritent plus de la part des médias publics que des dispositifs anciens ou des couvertures convenues. Il serait utile pour les médias publics, à la faveur de ce formidable chantier constitutionnel de se réveiller de cet interminable sommeil dans lequel la démotivation, le laisser-aller et l’absence de perspectives professionnelles les ont confinés. L’enjeu de la nouvelle Constitution est, aussi, un enjeu véritable de communication et le service public doit pouvoir être à la hauteur de cet enjeu vital. Le discours royal du 17 juin 2011, par son côté structuré et méthodique, a dessiné un Maroc possible au niveau des institutions. Il ne s’agit ni d’un pays sublimé ni d’un pays fantasmé. C’est un Maroc qui passe, effectivement, de la construction, parfois erratique, de l’Etat à la consolidation, parfois lente, ou sinueuse, de la démocratie. Les choix sont aujourd’hui faits et les nœuds tranchés. Nous irons progressivement à une démocratie riche et concrète à travers une monarchie constitutionnelle qui donne toutes ses chances à une vie parlementaire émancipée de jouer, dans un avenir immédiat, si la classe politique se hisse à la hauteur de ce défi, un rôle déterminant. C’est cela le Maroc démocratique possible, serein, rasséréné, réaliste et innovant, et c’est ce Maroc que nous voulons construire avec SM le Roi Mohammed VI. Un Maroc sûr de ses valeurs, de son unité, de son identité plurielle et de son avenir.

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