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Entre indemnisation et réhabilitation

Ce sont 20.000 demandes d’indemnisation, 8000 séances d’auditions tenues, 5500 décisions arbitrales et 7000 personnes indemnisées dans le cadre de plus de 3700 dossiers, pour une somme globale de près de 100 millions de dirhams. Tel est le bilan de l’opération d’indemnisation des victimes des disparitions forcées et détentions arbitraires constatées entre 1956 et 1999.
Pour de longues années de détention, de torture, d’humiliation, bref de souffrance, ils sont nombreux à être indemnisés. Un pas vers leur réhabilitation et réinsertion sociale. A cet effet, l’Instance d’arbitrage indépendante chargée d’indemniser les victimes de la disparition forcée et de la détention arbitraire a été créée en 1999 dans le cadre du Conseil consultatif des droits de l’Homme (CCDH). De plusieurs millions à quelques milliers, ces victimes se sont vues offrir de quoi commencer une nouvelle vie pour beaucoup d’entre eux, même si l’argent ne pourrait leur faire oublier l’atrocité des actes qu’ils ont subis. Parmi eux de grands politiciens, à l’image du Premier secrétaire de l’USFP, Mohamed Elyazghi, qui a reçu de l’Etat 350.000 dirhams. Une indemnisation qui ne concernerait pas un attentat au colis piégé qui l’a grièvement blessé en 1973. Mais M. Elyazghi a décidé de faire don de cette indemnisation à l’Organisation marocaine des droits de l’Homme (OMDH). Ce dossier des indemnisations a été pris en main par l’Instance Equité et Réconciliation après son installation en janvier 2004 par SM le roi Mohammed VI. Elle en donnera le bilan définitif dans son le rapport final qui sera publié en avril 2005. Un rapport qui devrait également insister sur la garantie d’une rupture définitive avec les pratiques abusives du passé et l’effacement des séquelles des violations.
Mais pour de nombreuses victimes, l’indemnisation pécuniaire ne peut être à elle seule une réhabilitation puisqu’elle n’a pas pour corollaire l’incrimination des responsables. Dans ce cas-là, elle constituerait une sorte de corruption, un enterrement de la mémoire collective, au moment où la priorité actuellement est donnée à la dénonciation de ce passé noir.
Plusieurs familles de « disparus » ont déclaré qu’elles n’accepteraient aucune indemnisation, tant que le sort de leurs proches n’aurait pas été élucidé. D’autres victimes se sont refusées à demander une indemnisation avant que les responsables ne soient identifiés et poursuivis en justice. D’autres estiment, par ailleurs, que ce processus d’indemnisation des victimes manquait de transparence et n’était accompagné d’aucun projet plus ambitieux visant à faire toute la lumière sur les disparitions.

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