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Équipements inadaptés

Au milieu des années 80, les abattoirs de Casablanca et d’autres villes marocaines se sont vus retirer les autorisations d’exportation de viande, notamment celle du cheval, aux pays de l’Union Européenne. Le rapport des experts qui était derrière cette décision avançait comme argumentation que les abattoirs ne répondaient plus aux conditions d’hygiène selon les normes de l’Europe occidentale. Du coup, une commission nationale s’était penchée sur le problème, réalisant des études dans ce sens pour arriver à des propositions adéquates.
C’est ainsi que le conseil de la Communauté urbaine de Casablanca, en se basant sur les propositions de ladite commission, avait décidé d’édifier de nouveaux abattoirs. Les nouveaux locaux s’étalent sur une superficie de 8,7 hectares avec une capacité de traitement d’environ 80 000 tonnes de viandes par an. Ils ont coûté la bagatelle de 700 millions de dirhams sans parler du prix du terrain de construction.
Les conditions d’hygiène acquises, la société espagnole en charge des nouveaux abattoirs se doit de récupérer l’autorisation d’exportation des viandes aux pays de l’UE.
Toutefois personne ne se souciait des spécificités locales que ce soit du côté des moeurs du fonctionnement des anciens abattoirs ou en ce qui concerne les us et coutumes des différents acteurs, des chevillards aux aide-bouchers, en passant par les intermédiaires et les distributeurs, jusqu’à ce que la viande arrive au consommateur. Samedi dernier, les opérations d’abattage ont été à maintes reprises interrompues pour cause de dysfonctionnement. De 4h du matin à 9h, 60 seulement bêtes ont été abattues. Zelzal Bouchaib, un boucher sourd-muet très connu dans le milieu commença à gesticuler pour faire comprendre aux responsables que l’ancienne méthode marcherait plus vite. Rappelant une vingtaine de ses semblables à la rescousse, près de 400 bêtes seront traitées entre 9h et 11h avec des résultats plus performants que le travail des machines à la grande surprise d’un responsable de la société espagnole.
Bien entendu, les chevillards sont pour la méthode traditionnelle qui les arrange car elle leur permet de réagir plus vite que les machines. Certains parlent de bâtons dans les roues de la part des anti-transfert, pour empêcher le bon déroulement des opérations dans les nouveaux abattoirs. Les ouvriers déclarent qu’ils entrent sans aucun moyen de pointage pour prouver le nombre d’heures passées au sein de l’édifice. Ils sont incertains quant à la modalité de leur payement. Le système de pesage n’est plus le même. Les bêtes assujetties à l’abattage sont soumises en principe à une taxe de 2,30 dh le kg. Dans les nouveaux abattoirs, la taxe a doublé. C’est désormais 5 dh par tête, et si les affaires marchent comme prévu, une éventuelle réduction serait envisageable, selon les services de la Wilaya.
Une réduction dérisoire disent les professionnels ; de 5 dh on passera à 4,80 !! Plus encore, avancent les services de la Wilaya, si tout ne se passe pas comme prévu, ce sera 5,50 au lieu de 5 dh. Le coût des nouveaux abattoirs est très élevé. Cette situation a eu pour premières conséquences une nette escalade des prix des viandes et bien évidemment une floraison de l’abattage clandestin. Encore du pain sur la planche avant l’adaptation de ces abattoirs un peu trop modernes pour nos bouchers récalcitrants.

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