Jamais la coopération entre les services secrets marocains et espagnols n’avait atteint un niveau aussi élevé. La Direction générale des études et de la documentation (DGED) et le service espagnol de renseignements (Centre national d’intelligence) ont créé une cellule permanente d’échange d’informations en temps réel qui a permis aux services de police des deux pays d’améliorer leur réactivité face aux réseaux mafieux qui opèrent entre les deux rives du Détroit, notamment dans le trafic de drogue et l’immigration clandestine.
C’est ce qui a permis le démantèlement, en Espagne, de grands réseaux de trafic de drogue et de blanchiment d’argent. A l’actif de cette coopération, figure notamment la fameuse opération dite "Baleine blanche" qui a été couronnée par l’arrestation de dizaines de trafiquants dont des Marocains et des responsables de la mairie de la ville de Marbella.
Mais, là où la synergie dans l’échange d’informations a démontré son importance, c’est dans la lutte contre l’immigration clandestine.
Cette coopération a été mise en exergue, mardi 21 novembre, par le ministre espagnol de la Défense, José Antonio Alonso, lors d’une rencontre avec des journalistes. Conviés à un déjeuner avec M. Alonso au siège du ministère, les représentants des médias espagnols ont été informés du fonctionnement et des objectifs de la nouvelle approche en matière de coopération entre les services secrets espagnols et leurs homologues de la rive sud, notamment ceux du Maroc.
Le ministre espagnol, qui a axé son intervention sur la lutte contre l’immigration clandestine, a révélé que, entre le 15 mai et le 16 novembre 2006, cette collaboration a permis de faire échouer 148 opérations au moment de l’embarcation ce qui a permis, outre l’arrestation des patrons de pateras, d’empêcher l’arrivée sur les côtes espagnoles de 7314 clandestins. Ces échanges d’informations ont permis aussi de démanteler quinze réseaux mafieux organisateurs d’opérations d’immigration clandestine entre l’Afrique subsaharienne et l’Espagne via le Maroc, la Mauritanie ou le Sénégal.
La présence des services de renseignements marocains dans certains pays africains et leurs bonnes relations avec leurs homologues locaux ont permis au CNI d’établir des relations de confiance avec les services de ces pays.
C’est ce qui a permis le démantèlement de plusieurs réseaux en Mauritanie, au Sénégal, en Gambie et en Guinée-Bissau.
Ces résultats sont de nature à convaincre l’opinion publique espagnole du fait que la politique de "Coopération-Concertation" adoptée par le gouvernement socialiste à l’égard du Maroc est bien meilleure que celle du "bras de fer" adoptée par son prédécesseur.