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Faut-il remanier le gouvernement JETTOU ?

© D.R

Le gouvernement Jettou a-t-il atteint son seuil d’ingérabilité ? La question est posée en privé depuis quelques semaines par les observateurs de la chose politique qui pensent que l’heure d’un remaniement a bel et bien sonné. L’objectif de ce réglage devenu nécessaire à leurs yeux étant de permettre au gouvernement de passer à la vitesse supérieure pour s’attaquer de front aux grands chantiers. Le cabinet Jettou compte 38 portefeuilles gérés par des ministres “pleins“, des ministres délégués et des secrétaires d’État. C’est beaucoup. Et cela se sent sur l’allure générale de cette équipe pléthorique. D’où la nécessité pour plus d’efficacité et de visibilité de réduire le nombre des portefeuilles. Pour ne pas traîner tout ce beau monde comme un boulet au risque de voir sa marche ralentie, le Premier ministre, en homme astucieux, a trouvé la parade. Celle de travailler avec une poignée de ministres dont les départements correspondent aux axes majeurs de sa politique contenue dans sa déclaration de principe. C’est l’exemple du Tourisme avec Adil Douiri, de l’Habitat avec Taoufik Hjira et du Transport et de l’Equipement avec Karim Ghallab. Ces trois jeunes ministres en particulier, dont le dynamisme est, du reste, reconnu, ont été pris d’affection par Driss Jettou qui apprécient leur compétence. Une relation qui relève presque de l’amour filial. Lui le père tutélaire, eux les fils prodiges. C’est pour cela qu’il a tenu à ce qu’ils fassent partie de son équipe au moment de la formation de son gouvernement allant jusqu’à obtenir l’accord de Abbas El Fassi de les comptabiliser sur le quota de l’Istiqlal alors même, excepté M. Hjira, qu’ils n’y ont jamais milité. Si les observateurs considèrent que le trio Hjira-Douiri- Ghallab est une bonne chose pour le gouvernement, il n’en reste pas moins que les autres ministres commencent à se sentir marginalisés comme si les départements dont ils ont la charge étaient inutiles ou moins intéressants. D’où l’impression de plus en plus forte d’un gouvernement à deux vitesses qui ne tourne qu’autour de quelques ministères. C’est cela le gouvernement Jettou, le noyau dur et la marge, le centre et la périphérie. Cette situation induit un sentiment de frustration chez certains collègues de Douiri ( ils sont de gros calibres) qui se plaignent sous cape de leur mise à l’écart. Une mise à l’écart qui est loin d’être délibérée mais dont il convient de trouver les ressorts dans la manière même qui a présidé à la constitution du gouvernement. Avec le recul, il apparaît aujourd’hui que Driss Jettou, en dépit du retard pris dans la formation de son équipe, ne s’est pas tellement soucié de la qualité des ministrables qui lui ont été proposés par les partis sachant à l’avance qu’il sera adossé à une équipe restreinte censée faire le “travail gouvernemental qui compte“. Les Ghafès, Taï Taï, Alami, Al Morabit et les autres sont là, quant à eux, pour faire du remplissage et de la figuration. Ministre pourquoi ministre parce que… Mais ces gens-là, honorables inconnus, n’en reviennent toujours pas d’être là où ils sont…L’essentiel pour eux, c’est qu’ils sont ministres. Il est incontestable que les éléments du cabinet Jettou sont d’inégale valeur. Or, le chef du gouvernement avait confié autour de lui dans la foulée de la formation de son gouvernement qu’il comptait faire soumettre ses hommes à des bilans d’étape et de changer les ministres qui ne donnent pas satisfaction. Rien de tout cela n’a été fait. “Du moment que M. Jettou n’a pas remanié son équipe, c’est qu’elle est bonne“, explique faussement sérieux un député de la majorité. Le gouvernement actuel cumule les handicaps dont le principal réside dans l’absence de la dimension et du souffle politiques. Certes, Driss Jettou, homme d’affaires sans appartenance politique, est réputé pour son bon sens gestionnaire et son intégrité mais, est-ce suffisant pour animer comme il se doit une équipe gouvernementale ? En tout cas, certains ministres politiques en vue, tout comme leurs partis, donnent l’impression de ne pas soutenir l’action du gouvernement Jettou même s’ils sont dedans. Peut-être parce qu’au fond d’eux-mêmes, ils n’ont jamais accepté que la primature revienne à un responsable technocratique. Une chose est sûre : Driss Jettou commence à se couper aussi de l’appui qui lui a été témoigné au début par les grands opérateurs économiques nationaux. Ceux-ci lui reprochent d’avoir soutenu en sous-main la candidature de Hassan Chami à la tête de la CGEM contre la volonté de changement exprimée par une large frange du patronat. Lors de sa tournée récente dans le Souss à la tête d’une importante délégation, Driss Jettou a également déçu les acteurs locaux pour n’avoir pas ramené dans son escarcelle les projets socio-économiques attendus par la population. En un mot, le gouvernement Jettou est largement perfectible. S’il, a à son actif,un bon nombre de réalisations dont l’adoption du code du travail et le lancement de chantiers d’habitat, il a besoin d’un second souffle pour continuer son action dans le sens des grandes réformes qui, elles, tardent à venir.

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