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Grande parade pour un petit rocher

Tout le monde se rappelle de la crise de l’îlot Leïla. Le 11 juillet 2002, les autorités marocaines avaient installé un poste de surveillance sur ce minuscule rocher « dans le cadre de la lutte contre l’immigration clandestine et le terrorisme international » visant les navires transitant par le détroit de Gibraltar. Ce qui s’inscrit dans la ligne des analyses du secrétaire général de l’ONU, qui dans son rapport de mars 2002 à propos du droit de la mer, s’est inquiété de la forte montée de la criminalité organisée à partir des îles dont personne n’assume réellement la responsabilité. Une dizaine de gendarmes marocains ont donc été déployés sur cet îlot, peuplé uniquement de chèvres. L’Espagne a considéré cet acte comme une « invasion » et l’a traité comme tel au niveau de sa diplomatie et de sa défense. Et pour cause, le même jour dans la matinée, le ministère de la Défense espagnol réagit et ordonne le déploiement d’une patrouille de la Guardia Civil tout autour du rocher. Pour Madrid, il s’agit d’une « rupture unilatérale d’un « statu quo » et du bon voisinage, selon lequel l’île est une zone démilitarisée. L’îlot se trouve, rappelons-le, à une vingtaine de mètres des côtes marocaines. Les habitants du village de Ben Younech le connaissent très bien d’ailleurs. L’ardeur espagnole ne cesse d’augmenter. Les tenants de la manière forte à Madrid appellent à une escalade diplomatique et militaire. Trois patrouilleurs ibériques entourent l’îlot et l’Espagne mobilise l’Union européenne qui viendra aussitôt à son secours. Selon le porte-parole de la Commission européenne, « c’est une violation de l’intégrité territoriale espagnole ». Face à cette escalade diplomatique sans précédent, le Maroc continue à privilégier le dialogue. Des discussions ont lieu entre les deux parties. Le ministre marocain des Affaires étrangères, Mohamed Benaïssa, s’est longuement entretenu avec son homologue espagnole, Ana Palacio. Mais la surenchère a fini par prendre le pas. Aznar décide de rappeler son ambassadeur installé à Rabat. Dans la nuit du 16 au 17 juillet, alors que les négociations se poursuivent toujours, plusieurs hélicoptères espagnols survolent l’île et des navires de guerre ibériques entourent le rocher. Une armada espagnole débarque sur l’île. Les gendarmes marocains sont faits prisonniers et conduits vers la ville occupée de Sebta. Ils ont été libérés le matin même, comme de vulgaires criminels. Une scène qui a choqué plus d’un Marocain. Le débarquement des troupes espagnols a été présenté par les médias ibériques comme un acte héroïque. Une armée puissante, avec des centaines d’hommes et des bâtiments de guerre colossaux pour déloger six gendarmes marocains, même pas armés. Voilà, le courage de l’armée espagnole. Les militaires espagnols ont commencé par planter les drapeaux espagnols sur l’îlot et à narguer les médias marocains qui se trouvaient à quelques mètres d’eux, en haut de la falaise de Ben Younech. C’est finalement grâce à une intervention américaine que l’armée espagnole a fini par se retirer de l’îlot Leïla. Cet épisode noir de la relation maroco-espagnole n’aura en fin de compte servi à rien. Ou plutôt n’a fait qu’envenimer les choses et dégrader les rapports tumultueux des deux pays.

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