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Habib El Malki : «La refondation de l’USFP implique le rejet de tout sectarisme»

© D.R

ALM : Allez-vous vous porter candidat au poste de premier secrétaire de l’USFP ?
Habib El Malki : Je suis aujourd’hui plus candidat qu’il y a quelques mois car je me définis comme porteur d’un projet fondé sur l’unité et le renouveau du parti.  C’est dans ce sens qu’il convient de souligner que trois dangers menacent le parti : le danger de statu quo  qui bouche les perspectives et rend le parti myope, le deuxième danger est celui de la banalisation du parti sur l’échiquier politique, banalisation appauvrissante qui fera de l’USFP un parti sans identité et le troisième danger c’est le repli sur une vision libérale désincarnée dans une société qui cherche des repères de confiance aspirant à des changements profonds. C’est pour toutes ces raisons que le huitième congrès doit être celui de la clarification et de l’ancrage de l’USFP à gauche.

Certains affirment que vous avez conclu une sorte de deal avec Driss Lechgar pour soutenir votre candidature. Sur quelle base avez-vous conclu ce deal ?
Je suis ouvert à toutes les démarches qui permettent de renforcer l’unité et la cohésion interne du parti sur une base claire et responsable.
La refondation de l’USFP implique le rejet de tout sectarisme et de toute forme d’exclusion et de revanche. La politique doit être vécue autrement. N’oubliant pas que l’USFP est un patrimoine collectif qui appartient même à ceux qui l’ont quitté. Seul le débat d’idées permet de faire avancer notre pensée et nos pratiques. Seul le débat d’idées permet de dégager des convergences réelles au-delà des clivages subjectifs qui se réduisent à des personnes.  Mon souhait, c’est que les congressistes se prononcent plus sur des projets que sur des noms.

Vous avez fait de la sortie de l’USFP du gouvernement votre cheval de bataille. Croyez-vous que la place réelle de l’USFP est aujourd’hui dans l’opposition ?
Vous allez trop vite. Le véritable cheval de bataille, c’est la clarté et la cohérence de la ligne politique. Le huitième congrès, à l’instar des autres congrès, discutera sans tabou avec sérénité de toutes les questions qui intéressent le citoyen marocain. Le souci de dire la vérité doit primer car les congressistes sont des adultes. Évaluer notre expérience gouvernementale avec ses forces et ses faiblesses, analyser la situation actuelle dans toutes ses contradictions pour mieux comprendre quels sont les enjeux, définir les tâches prioritaires pour les trois années à venir : telles sont mes préoccupations et certainement celles des congressistes.

Soutenez-vous une alliance de l’USFP avec le PJD ? Et pourquoi ?  
Elle n’est pas à l’ordre du jour, nous sommes un parti de gauche qui agit dans le cadre de la Koutla. Cette double appartenance définit les frontières de l’espace dans lequel nous devons évoluer avec une double exigence :
1- Se mobiliser pour mieux avancer dans le chantier de la réunification de la famille de gauche sur la base d’un projet de charte qui précise les principes, les objectifs et les moyens.  Les élections locales de 2009 sont une opportunité pour jeter les bases d’une nouvelle expérience commune là où c’est possible. La vie politique marocaine restera bancale sans un véritable pôle de gauche porteur d’espoir.
2- Faire évoluer la Koutla en la libérant du non-dit à travers une démarche critique positive  capable d’aider à la définition de nouvelles tâches en s’ouvrant sur d’autres forces démocratiques nationales particulièrement les partis de gauche. La Koutla  du début du 21ème siècle a tourné le dos à la Koutla de la fin du siècle dernier.

Vous pensez avec certains dirigeants que le mouvement de Fouad Ali El Himma représente un danger pour la démocratie. Que trouvez-vous à redire sur ce mouvement?
Peut-on juger un parti qui n’existe pour le moment que par l’effet d’annonce ? j’attends la tenue du congrès constitutif qui, en principe, sera l’occasion pour définir les options fondamentales et le programme pour me prononcer. Cependant, la démocratie politique n’est pas réductible à un simple jeu arithmétique. Le Maroc a besoin d’acteurs institutionnels porteurs de projets de société, cohérents et crédibles.

L’USFP est revenue sur le scrutin de liste, en dépit de son adoption par le Conseil national. Qu’est-ce qui explique ce revirement ?
Le Conseil national du 20 septembre dernier a décidé le report et non l’abandon du scrutin de liste. Notre souci : éviter tout ce qui peut diviser, la tâche prioritaire étant de réussir le congrès. L’élection directe par le congrès et du premier secrétaire et du bureau politique n’est-elle pas une avancée réelle dans l’histoire du parti ? C’est l’amorce d’une nouvelle culture qui va aider à la refondation de l’USFP par et sur la base de la légitimité démocratique.


El Malki, un parcours atypique


Né le 15 mai 1946 à Boujâad, Habib El Malki, ministre de l’Education nationale sous le gouvernement de Driss Jettou, est professeur d’économie à l’université de Rabat, et député du Cercle de Boujâad (province de Khouribga) depuis 1992.
Depuis le 19 novembre 1992, il est membre de l’Académie du Maroc.
M. El Malki, qui était également ministre de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche (du 14 mars 1998 à septembre 2000), fut le secrétaire général du Conseil national de la Jeunesse et de l’Avenir (CNJA) de janvier 1991 à juillet 2000.
S’agissant de ses activités scientifiques, M. El Malki est président du Groupement d’études et de recherches sur la Méditerranée (GERM) et président du Centre Marocain de Conjoncture (CCM) depuis 1990. Il fut  directeur du département de Sciences économiques à la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales de Rabat de 1976 à 1982. Il est professeur visiteur à l’Université du Québec, à Montréal et puis ancien professeur visiteur au Collège de France à Paris. Un long parcours jalonné de plusieurs distinctions. Habib El Malki reçut le Prix de l’Association de Statistiques de Paris en 1987 et le Ouissam du Chevalier de l’Ordre du Mérite en 1988 à Rabat.

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