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Harrouchi : «Un vide juridique dévastateur»

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ALM : Quels enseignements devrait-on tirer de l’intervention royale pour couper court au scandale de la première Association musulmane de bienfaisance de Aïn Chok ?
Abderrahim Harouchi : Les enseignements à tirer sont multiples. Le premier est sans doute celui qu’on ne peut plus dire que la mauvaise gestion des centres sociaux a des limites. Il aura suffi que quelques individus sans scrupule s’introduisent dans les bureaux de cette institution, la plus vieille du genre au Maroc, pour conduire à toute l’horreur constatée. Une horreur pire que tout ce qu’on peut imaginer. D’ailleurs, et avant de se rendre sur les lieux, S.M le Roi a donné ses Hautes instructions pour qu’elle ne soit pas maquillée. L’attitude royale est également claire. La mauvaise gestion ne doit plus être tolérée. En témoigne l’enquête judiciaire qui est d’ores et déjà entamée pour connaître et sanctionner les responsables d’un tel chaos. Parallèlement aux travaux de mise à niveau de cet établissement, qui commencent dès ce lundi 4 avril, le Souverain a demandé à ce qu’on aille plus loin, à travers la révision du statut même des associations de bienfaisance.

Qui peut-on considérer comme responsable du désastre auquel est arrivé ce centre?
A l’origine de ce désastre se trouve la mise en place d’un membre du bureau à la tête de cet établissement. Ce dernier était avant 1998 géré par Haj Mohamed Seqqat, connu pour sa probité et son engagement social. Mais à partir de la date précitée, il n’était plus capable de s’acquitter de ses fonctions à cause de sa maladie. Ayant gagné sa sympathie, un membre du bureau a vite saisi cette opportunité pour prendre les rênes de ce centre. Il s’agit d’un ancien cadre au ministère de la Santé dont je me garderai de citer le nom et que j’avais personnellement radié du temps où j’étais à la tête du ministère de tutelle.  Une fois à la tête du bureau, il n’a pas tardé à modifier les statuts dans son seul intérêt personnel et n’a pas hésité à écarter le gendre de Haj Seqqat. Cet individu a au passage complètement transformé le centre. Bénéficiant d’une subvention étatique de 11 millions de DH, et excédentaire en moyenne de 4 millions de DH auparavant, le centre est devenu déficitaire.

Au niveau législatif, quels sont les problèmes des établissements de bienfaisance?
Il est anormal que ces associations, qui remplissent un devoir qui relève du service public, soient gérées  comme des associations de plaidoyer et  fassent l’objet d’un vide juridique aussi dévastateur. C’est la responsabilité de l’Etat qui est engagée. Dans ce sens, l’intervention royale vient confirmer ce que nous n’avons pas cessé de demander depuis juillet 2004 à l’égard précisément de l’établissement actuellement mis en cause. Les multiples réunions que nous avons tenues avec ses responsables, avec l’intervention de tous les organismes concernés, de la Wilaya de Casablanca à la Primature, n’avaient mené à rien. A nos tentatives d’en finir avec l’anarchie qui y régnait, les responsables de cette maison nous répondaient qu’ils étaient souverains et qu’ils n’avaient de compte à rendre à personne. C’est dire qu’à l’origine de notre blocage se trouvaient les textes.

A quand donc une révision de la législation en la matière ?
Cela l’objet, dès cette semaine, d’une réunion entre les différents intervenants, le secrétariat général du gouvernement et le ministère de la Justice compris. Il s’agira de mettre en place des normes de gestion de ces établissements, en définissant d’abord les mécanismes de gestion, de transparence, de contrôles administratif et financier, d’encadrement, d’hygiène et d’animation.
En attendant, et pour ce qui est du centre de Aïn Chok, ce dernier est désormais administré par M. Ali Chraïbi, expert-comptable. Le bureau a été changé le samedi 2 mars.  

A combien estimez-vous le nombre des associations de bienfaisance au Maroc? Et jusqu’où ira la réforme qu’elles sont appelées à connaître ?
Il existe quelque 500 associations musulmanes de bienfaisance au Maroc. Ces associations profitent à quelque 50.000 personnes, orphelins, enfants et personnes nécessiteuses. La réflexion menée par le ministère va au-delà de la simple création d’une fédération et la mise en place de la charte d’éthique qui ont été annoncées précédemment et où concoure également l’entraide nationale. Tout cela ne saurait suffire à l’accomplissement par ces établissements de leurs missions. Et je peux affirmer qu’une véritable révolution est en train de se préparer. Elle verra le jour dans la semaine qui vient.

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