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Horaire continu : la résistance s’organise

Deux mois après l’entrée en vigueur de l’horaire continu dans la fonction publique, certaines centrales commencent à le critiquer sévèrement. C’est particulièrement le cas de la CDT et dans une moindre mesure de l’UMT.
Des syndicats sectoriels affiliés à la centrale de Noubir El Amaoui ont même lancé des appels à des sit-in et à des grèves. Ils exigent même l’abandon pur et simple de cet horaire continu tant attendu et souhaité. Mais cette campagne de protestation a été mise en stand-by en attendant que la CDT aligne une vision d’ensemble, globale qui réponde à toutes les attentes et qui fera office de mot d’ordre.
L’UMT n’est pas allée jusque-là, mais elle ne manque cependant pas d’émettre certaines remarques somme toutes pertinentes. Même son de cloche chez l’UNTM, syndicat proche du PJD, dont le président, Abdessalam Maâti, trouve "bizarre et illogique" l’attitude des syndicalistes qui demandent l’abandon de l’horaire continu.
Tout d’abord, tous les syndicats ont noté que l’horaire continu était "fatigant et pénible". Huit heures de travail d’affilée, officiellement de 8 heures 30 à 16 heures 30, se sont donc avérées difficilement supportables ce qui se répercute négativement sur le rendement de certains fonctionnaires. Ces derniers préfèrent donc venir un peu plus tard au bureau et filer à l’anglaise avant la fin de l’horaire officiel. A défaut de pointage, un moyen dont l’efficacité n’est pas avérée et qui coûterait entre 15.000 DH et 25.000 DH pour 100 fonctionnaires, une anarchie risque de s’installer dans certaines administrations et collectivités locales.
C’est ainsi que tous les syndicats exigent plus du gouvernement qu’il mette en place à un système de flexibilité dans les horaires. En termes clairs, un fonctionnaire qui vient au bureau à 9 heures, au lieu de 8 heures 30, rattrapera la demi-heure perdue à la fin de la journée de travail, en sortant donc à 17 heures. Cette flexibilité a d’ailleurs été envisagée par le gouvernement, et spécialement le ministère de la Modernisation des secteurs publics qui a chapeauté toute l’opération. Or, aujourd’hui cette flexibilité n’est pas encore mise en application. Abdessalam Maâti pense que le fonctionnaire doit bénéficier d’une durée de flexibilité allant jusqu’à une heure. En tout cas, lors des différentes rencontres avec les syndicats, le ministre Mohamed Boussaïd s’est dit prêt à discuter des modalités de mise en œuvre de cette flexibilité.
Mais, contrairement à l’exigence de la CDT, il n’est pas question de diminuer la durée de travail elle-même. Les autres syndicats également ne semblent pas partager l’avis de la centrale de Noubir El Amaoui. "L’horaire continu a été une revendication de tous les syndicats depuis plusieurs années. Maintenant que nous l’avons obtenu, il est aberrant de la remettre en cause et exiger sa suppression", lance le président de l’UNTM. Le gouvernement reconnaît que la pilule ne passera pas en quelques semaines. Une période d’adaptation de deux à trois mois est nécessaire.
Autre point sur lequel, cette-fois l’ensemble des syndicats sont pratiquement unanimes : l’horaire continu dans l’Enseignement public. Alors que le gouvernement avait catégoriquement fait savoir que les instituteurs, les enseignants, les écoliers et les lycéens ne seraient pas concernés par ce nouvel horaire, le département de Mohamed Boussaïd semble avoir, entre temps, mis un peu de vin dans son eau.
"Il est indiscutable que l’horaire normal dans les établissements de l’enseignement public pose énormément de problèmes à des parents fonctionnaires", explique Miloudi El Moukharek, secrétaire national de l’UMT.
Dans un entretien accordé au lendemain de la réunion que l’UMT a tenue avec le Premier ministre sur la rentrée sociale, Miloudi El Moukharek a expliqué que "le gouvernement a manifesté son intention de prendre cette question au sérieux".
Le gouvernement, tout en estimant que cette question est un faux problème, assure que des mesures d’accompagnement sont envisagées au sein des écoles. Des annonces suivront parallèlement à la rentrée scolaire.
Dernière pomme de discorde : La restauration. "Il est malheureux de voir que les bureaux de nos administrations sont devenus de véritables réfectoires", souligne Miloudi El Moukharek. Le gouvernement a mis en place l’horaire continu sans lancer, en parallèle, des mesures d’accompagnement pour la restauration des fonctionnaires. A cela, le ministre de la Modernisation des secteurs publics, Mohamed Boussaïd, aurait répondu à ses interlocuteurs : "les administrations qui ne disposent pas de restaurants en interne seront appelées à signer des contrats de livraison de nourriture, ce qui sera à même de créer plusieurs postes d’emplois".

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