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Identité, religion et politique : Ces faux débats qui menacent l’unité de la Nation

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Tout au long de cette semaine, le débat à propos de la question identitaire en relation avec la réforme constitutionnelle a battu son plein. Avant la publication du nouveau texte constitutionnel, cette question continue de faire l’objet d’une polémique opposant les islamistes aux modernistes. Les conservateurs mettent en garde contre toute atteinte de l’identité islamique de l’Etat marocain, à l’heure où les modernistes montent au créneau pour que la nouvelle Constitution garantisse la liberté de croyance. Les premiers menacent d’appeler à voter contre le nouveau texte constitutionnel s’il prévoit cette liberté. Alors que les seconds accusent les islamistes d’exploiter la religion pour s’opposer à toute idée moderniste. Ainsi, au lieu de débattre des prérogatives de l’Institution royale, de la réforme de la justice, du renforcement du rôle du Parlement et de la mise en place d’un gouvernement doté d’un pouvoir exécutif effectif, les partis politiques et la société civile se sont passionnés par cette polémique identitaire.
Les islamistes du Parti de la justice et du développement (PJD) et du Mouvement unité et réforme (MUR) multiplient, ces derniers temps, les sorties médiatiques et s’érigent en défenseurs de l’Islam en appelant à maintenir l’article six de l’actuelle Constitution qui stipule que «l’Islam est la religion de l’Etat qui garantit à tous le libre exercice des cultes».
Le MUR, présidé par Mohamed Hamdaoui, a souligné, samedi 11 juin, que «la proclamation, dans la Constitution, de l’Islam en tant que religion de l’Etat est une constante ayant toujours fait l’unanimité des Marocains».
Dans un communiqué rendu public samedi 11 juin, à l’issue de la réunion ordinaire de son bureau exécutif, consacrée à l’examen de données recueillies à propos de la révision constitutionnelle, le MUR a affirmé que le référentiel islamique fait partie des fondements qui ont façonné la spécificité de l’Etat marocain, ce qui fait appel à sa consolidation, ajoutant que «la révision constitutionnelle doit insister sur l’appartenance historique civilisationnelle du Maroc à la Nation arabe et islamique». Pour sa part, Abdelilah Benkirane, secrétaire général du PJD, a affirmé, lundi 13 juin, dans une déclaration à l’AFP, que la reconnaissance de la liberté de croyance par le nouveau texte constitutionnel «aura des conséquences néfastes sur l’identité islamique du Maroc». Face à ces sorties médiatiques des islamistes, une levée de boucliers des modernistes. «Ces gens utilisent la religion pour s’en prendre à toute idée novatrice et moderniste conforme aux valeurs et principes des droits de l’Homme, ni plus ni moins. Dans toute société, plus l’être humain est libre plus sa croyance est juste, alors que la contrainte favorise l’hypocrisie», a affirmé Khadija Rouissi, présidente de Bayt Al-Hikma, dans un entretien accordé à ALM (Edition n° 2454 du mardi 14 juin 2011). Et d’ajouter que «toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ce qui constitue un droit fondamental auquel on n’est pas censé apporter une limitation». Au-delà des arguments avancés par les deux parties, la question qui se pose aujourd’hui est celle de savoir si ce débat est de nature à profiter la pratique démocratique au Maroc ? Ne s’agit-il pas d’un faux débat qui risque de remettre en cause l’unité de la Nation ? N’est-il pas plus judicieux d’accentuer le débat, dans ces circonstances assez spéciales, sur les prérogatives des institutions constitutionnelles ainsi que sur les démarches à entreprendre pour réussir le chantier constitutionnel ?
«Les gens qui disent qu’il s’agit d’un faux débat ont bien raison de le dire. Ce qui importe le plus dans le nouveau texte constitutionnel c’est le renforcement des prérogatives de l’institution parlementaire, la mise en place d’un pouvoir exécutif effectif, la consécration de l’indépendance de la justice…», souligne le politologue Mohamed Darif (voir entretien page 5).
D’autres acteurs politiques ont également dénoncé cette polémique en affirmant que la nouvelle Constitution ne porte aucune atteinte à l’identité islamique du Maroc.

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