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Il est temps de revoir sa copie

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ALM : Comment évaluez-vous ces résultats ? Nezha Acila : Les résultats du baccalauréat pour cette année sont modestes, ils reflètent le visage réel de notre Education et traduisent son niveau global. Mais cela n’est pas grave. Car, aussi faible soit-il, le taux de 37,7% de réussite dans la première session du baccalauréat doit nous inciter à travailler davantage et à combattre la médiocrité par le travail et la persévérance. Telles sont mes premières impressions sur le sujet. Mais d’un autre côté, il serait injuste de comparer ces résultats avec ceux de l’ancien système. Pourquoi est-ce impossible ? Parce que nous avons commencé par l’évaluation pédagogique, sans toucher aux méthodes et programmes d’enseignement et sans procéder à la formation et au recyclage des acteurs pédagogiques. Nous sommes, donc, face à un examen nouveau qui se fait à travers des anciennes méthodes. Ce n’est pas suffisant pour expliquer la crise de l’enseignement au Maroc ? A mon sens, l’école marocaine ne connaît pas de crise. Elle tente encore de se frayer son chemin et d’avoir une identité. A l’heure où nous en sommes, nous nous interrogeons encore sur les moyens à même d’offrir une réelle identité à nos élèves et étudiants. Pourtant, la réforme du système éducatif est déjà à sa troisième année d’existence ? L’évaluation du régime des académies ne s’est pas faite par la participation des acteurs pédagogiques exerçant sur le terrain. L’évaluation s’est effectuée par le haut et n’a pas touché des questions de fond, notamment celles relatives aux programmes, méthodes d’enseignement, et ressources humaines. En bref, l’échec du système scolaire ne concerne pas seulement les programmes du baccalauréat ou ses résultats. À qui en incombe la responsabilité ? Tout le monde est responsable de cette situation et il n’est pas question de limiter ses raisons à une seule partie. Le problème est structurel et nous savons que l’administration pédagogique n’a pas créé les conditions de la formation continue pour les enseignants, de même que les programmes scolaires n’ont pas changé. Bien entendu, la réforme proclamée par l’Etat depuis trois ans a offert au Marocains la possibilité de se réunir autour d’un projet, adopté à l’unanimité des partis politiques et des associations et syndicats concernés. Mais, toujours est-il que cet acquis reste théorique et nécessite une nette accélération du rythme de son application. A cela s’ajoute le fait que le changement est resté au niveau de la forme et n’a pas touché au fond. Pouvez-vous expliquer davantage cette idée ? Les changements introduits sur le régime des examens n’ont pas touché la nature des questions posées, ni les objectifs escomptés à travers cette opération. A titre d’exemple, l’enseignement de la philosophie et des sciences humaines reste limité. A mon sens, il n’y a pas de réhabilitation du rôle et du statut de l’élève et de l’étudiant, sans une réhabilitation des sciences humaines, ces disciplines qui accordent une importance particulière à la pensée et à la critique. Les résultats du baccalauréat doivent nous inciter à revoir nos méthodes de travail et nos programmes.

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