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Ingérences iraniennes dans le champ religieux marocain

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Le chiisme tente de s’infiltrer dans le paysage politique et religieux marocain. Depuis près de quatre ans, on assiste à une multiplication des tentatives de conversion de Marocains au rite chiite. Ces tentatives ont été détectées par les services de renseignements avant d’être constatées sur le terrain par les ouléma de la nation. Le dernier à avoir sonné l’alarme sur cette question est Abdelbari Zemzmi. D’autres érudits comme Ahmed Raïssouni l’ont fait avant lui en dénonçant la création de l’association Al Ghadir à Meknès.
Mais, l’alerte lancée par M.Zemzmi, grand doctrinaire du rite sunnite malékite et député de la nation, a suscité une réaction de la part de l’ambassade iranienne de Rabat. Fait pour le moins inhabituel dans l’usage diplomatique. Le représentant de la République islamique au Maroc, Wahid Ahmadi, a pris la parole sur les colonnes du quotidien arabophone Al Jarida Al Oula pour répondre à M.Zemzmi. «J’ai demandé à M. Zemzmi s’il avait des preuves et des documents quant à l’existence d’une relation entre l’ambassade d’Iran et la propagation du chiisme au Maroc et il m’a dit que non (…) il a reconnu son erreur», a dit M. Ahmadi. Une manière indélicate de révéler le contenu d’un entretien avec l’un des imams marocains les plus respectés en le présentant comme une personne qui prend les choses à la légère et qui se permet d’affirmer des choses et de les renier sur une simple discussion. Or, M. Zemzmi n’est ni un responsable des services de renseignements ni un juge d’instruction à qui on exige des preuves et des documents écrits. Lesdits documents n’existent jamais dans de tels cas, tout le monde le sait. M. Zemzmi a juste fait état de ce qu’il a constaté sur le terrain. De plus en plus de gens, de tous les âges, et qui ont été approchés par des «missionnaires du chiisme» viennent le voir pour demander son avis. Il n’est pas le seul. Abdellah Nahari, célèbre imam de mosquée à Oujda, ne cesse depuis plusieurs années de dénoncer ce qu’il considère comme une tentative de percée de la part des chiites au Maroc. Lui aussi est parvenu à cette conclusion à travers son contact direct avec les gens. En plus, plusieurs dizaines de jeunes Marocains sont, aujourd’hui, en Iran en train d’étudier le chiisme aux frais de la République islamique d’Iran. Dans l’entretien accordé à notre confrère Al Jarida Al Oula, M. Ahmadi refusera à deux reprises d’en donner le nombre exact. Mais il essayera de rassurer l’opinion publique marocaine en disant que ces étudiants sont «peu nombreux». Il profitera aussi de cet entretien pour tenir un discours très élogieux sur le Hezbollah du Liban essayant de séduire les jeunes Marocains en leur faisant croire, d’une manière très subtile, que c’est le chiisme du parti libanais qui est derrière sa victoire sur Israël. «Cette légende a été détruite par les jeunes du Hizbollah lors de la guerre du Tammouz. Alors si un jeune dans un pays islamique considère qu’il s’agit de la bonne voie, quelle est notre responsabilité à nous ? (…) la République islamique défend les droits de tous les Musulmans», a-t-il indiqué.
Les déclarations de l’ambassadeur iranien reflètent ainsi une tentative d’ingérence dans un débat national en s’érigeant comme acteur de la vie politique, religieuse et intellectuelle du Royaume à un moment très significatif qui se caractérise par le lancement par Amir Al Mouminine d’un plan de mise à niveau et de  rénovation du champ religieux. Un moment bien choisi. 

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