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Intellectuels en mal de cause

Les intellectuels marocains ont-ils pris le train en marche ? Se sont spontanément intégrés dans cette effervescence politique et sociale qui a accompagne l’amorce de la transition démocratique au Maroc? quand on pose la question, la réponse est presque invariablement la même. La démission des intellectuels marocains, qui auraient pu être le pilier de l’évolution, politique et partant sociale du pays.
C’est comme si la perspective d’enfoncer des portes ouvertes, décourageait désespérement ceux qui semblent avoir pris l’habitude de « l’effraction ». on est en effet loin, s’accordent à dire les observateurs, de l’effervescence qui avait marqué les années 70. A cette époque là, engagement intellectuel, rimait avec militantisme. Une disposition de « bravade » des intellectuels, qui trouvait un écho à la mesure de son courage auprès des citoyens. Ce courage-là, déplore-t-on aujourd’hui, n’était l’apanage de personne. Penseurs, écrivains, cinéastes, comédiens, paroliers, chanteurs, humoristes, peintres … s’associaient dans la même dynamique d’ensemble, offrant à un public assoiffé, des horizons de liberté sur lesquels l’on se ruait. La contestation prenait alors toute sa signification, car elle relevait du vécu quotidien du citoyen.
Que reste-il aujourd’hui de cette ferveur ? Les inquiétudes des citoyens sont les mêmes. Leurs aspirations aussi. Un air de liberté a soufflé sur la société marocaine, ses intellectuels en première ligne. Pourtant, leur production n’a plus ce piment qui faisait vibrer les masses. Est-ce cette fougue avec laquelle on se jetait sur le débat, qui fait défaut aujourd’hui? Est ce que la passion ne trouve plus à se charger dans des réceptacles, comme la cause palestinienne, la guerre de l’occident contre l’orient, la lutte pour la dignité au Vietnam, qui avaient fait ses beaux jours ? Les intellectuels, fatigués de prêcher sur fond de désert, se seraient-ils résignés à entrer dans le rang, se tournant davantage vers l’aboutissement de carrières ?
Autant de questions que se posent ceux qui se penchent sur la scène culturelle marocaine aujourd’hui. Des questions auxquelles l’on tente de trouver des réponses dans la banalisation de l’acte intellectuel engagé, désormais noyé dans des torrents de productions médiocre pleuvant de tous les horizons.
Dans l’assagissement d’intellectuels autrefois prolixes, aujourd’hui désabusés par une perception douloureuse de l’inutilité de leur combat. Dans la « carrièrisation » de l’espace culturel, devenu un marché comme un autre, où l’on s’efforce d’évoluer en optimisant ses chances de réussite. Tant et tant de causes potentielles, qui pourraient se résumer en une seule, l’absence justement de causes à défendre.

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