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Jean-Michel Debrat : «Nous avons confiance dans l’économie marocaine»

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ALM : Quel est la portée de cet accord signé entre l’AFD, opérateur clé de l’aide bilatérale française, et l’OCP, première entreprise du Maroc ?
Michel Debrat : C’est un très grand investissement engagé par l’OCP et un grand projet novateur qui permettra d’améliorer la compétitivité de l’OCP par la baisse des coûts de production et d’économiser les émissions de gaz à effet de serre. Plus de 710.000 tonnes seront évitées par an grâce à l’abandon du séchage avant transport. Le projet de minéroduc consiste à transporter les phosphates par voie hydraulique et comprendra un minéroduc principal et des minéroducs secondaires d’une longueur totale de 235 km. C’est un investissement industriel stratégique de l’OCP et un projet avec une grande dimension environnementale.

C’est ce qu’on appelle la croissance verte ?
Nous sommes à la croisée des politiques que le Royaume du Maroc et la France poursuivent aussi bien sur le plan de la croissance économique que de la protection de l’environnement. Et c’est effectivement ce que nous appelons dans notre jargon la «croissance verte».

Le crédit octroyé à l’OCP est-il un crédit de marché ou institutionnel ?
C’est un crédit de marché. L’OCP a une excellente santé financière. Nous sommes dans le financement de l’économie. Pour l’OCP, c’est un gros investissement et pour l’AFD, c’est une prise de risque en terme bancaire. Mais c’est une prise de risque que nous estimons excellente. Nous avons confiance dans l’OCP et dans l’économie marocaine.

L’AFD s’implique beaucoup dans le développement durable. Cela rejoint pour vous les orientations du Maroc en la matière?
Absolument ! il y a déjà longtemps que les deux partenaires marocains et français travaillent dans cette direction. Le Maroc a mis au point toute une stratégie climat à laquelle nous allons grandement contribuer. L’équipe qui a finalisé ce projet est déjà en train de travailler sur d’autres et de voir la place que pourront prendre la France et l’AFD dans le financement de la politique climat du Maroc.
L’AFD souhaite ainsi apporter sa contribution à de grands projets tels le développement d’unités de production d’énergies renouvelables, d’unités de dessalement et de rationalisation de l’utilisation des eaux. Des domaines auxquels le Royaume prête une très grande attention. C’est le sens de ce partenariat que nous appelons de nos vœux.

Comment qualifieriez-vous les engagements de l’AFD au Maroc ?
 Le Maroc est notre premier partenaire. Celui pour lequel nous accordons autant de financement que notre structure nous le permet. Cela traduit bien évidement une autre réalité politique, cette fois-ci-, laquelle est construite sur un partenariat tout à fait privilégié entre la France et le Maroc, car nous voyons bien que nos deux pays sont sur des stratégies tout à fait convergentes.

Vos engagements traduisent-ils aussi la confiance de l’AFD en l’économie marocaine ?
Nous croyons en l’économie marocaine. Nous voyons, sous nos yeux, un pays se métamorphoser, investir tous azimuts dans les domaines du portuaire, des infrastructures, du développement urbain et agricole, de l’environnement et des énergies renouvelables. Nous sommes ravis de ce dynamisme qui fera de nous tous des Méditerranéens dans une Méditerranée plus cohérente et elle en a bien besoin. Pour vous comme pour nous, le développement n’est pas un choix. C’est une nécessité et une obligation. Nous nous donnons, en tant que Français, Européens et amis du Maroc, les outils pour servir ce dessein et cette ambition partagée.

 Propos recueillis à Paris par Hasna Daoudi

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