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Jettou fait la chasse aux fausses dépenses

© D.R

Le Premier ministre veut, et exige, plus de rigueur de la part de son équipe. Il passe surtout à l’acte pour leur demander de réduire le train de vie de leurs départements respectifs pour faire face à d’autres exigences et contraintes plus pressantes. Selon nos informations, Driss Jettou vient d’adresser aux membres de son équipe une note d’orientation en relation avec la préparation de la loi de Finances 2006 et dans laquelle il leur demande de réduire au minimum leurs dépenses de fonctionnement. Sont notamment les dépenses d’électricité, de téléphone, de carburant et particulièrement les dépenses qu’impliquent les déplacements des ministres, et leurs collaborateurs, à l’étranger.
Dans sa note d’orientation, le Premier ministre évoque les grandes contraintes financières qu’impliquent le respect des engagements de l’exécutif en vertu des multiples accords successifs au dialogue social mais aussi la concrétisation des projets de l’INDH.
L’argentier du Royaume, lui, aurait fourni la meilleure illustration d’une telle réduction du train de vie des ministères. Les services de Fathallah Oualalou ont procédé à une petite simulation pour montrer que les deniers (ou une partie) « claqués » lors des voyages ministériels pouvaient servir à autre chose de plus important. Il ressort de cette simulation que, si les ministres réduisaient leurs déplacements à l’étranger, le manque à gagner serait de l’ordre de 250 millions de dirhams pour un seul exercice. Une petite comparaison fera parvenir à cette conclusion que le montant de ce manque à gagner est l’équivalent des budgets nécessaires pour mener à bien les projets du programme d’urgence de l’INDH, soit ceux prévus d’ici la fin de l’année en cours. Mais, que coûte en fait le voyage d’un ministre à
l’étranger ? Pas que des miettes à en croire les données dont nous disposons. En plus de son billet d’avion aller-retour, chaque ministre a droit à 2.500 DH par jour de frais de déplacement servant à couvrir leurs (éventuels) frais d’hébergement et de bouche. Précision importante, ces indemnités sont les mêmes pour toutes les destinations. Certains ministres trouvent même le moyen de s’octroyer plus. Le stratagème est des plus simples: pour un voyage qui durera 2 ou 3 jours, tel ou tel ministre se dira en voyage pour 5 ou 6 jours. Un ex-ministre de l’équipe Youssoufi nous confie que la pratique était courante parmi plusieurs membres du premier gouvernement d’Alternance même si Youssoufi se démenait à prêcher une approche plus raisonnable.
Certains « justifient » la chose par la différence entre le niveau de vie des pays visités. Une chambre d’hôtel ne coûte pas le même prix à Paris, qu’à Bamako ou Tokyo. Pas tout à fait vrai, rectifie un autre ex-ministre. Ce dernier affirme que la majorité des ambassades marocaines à l’étranger sont liées par des accords avec des hôtels. Chose qui permet des réservations avec des déductions de prix atteignant généralement 50 %.
Autre précision de taille : les indemnités de déplacement sont versées en devises.
Un ministre ne voyage pas seul. Généralement, il est entouré lors de ses pérégrinations par plusieurs collaborateurs et le déplacement de ces derniers coûte tout aussi cher. Pour un cabinard ou un responsable du ministère, l’indemnité journalière de déplacement à l’étranger est de 1.200 DH hors billet d’avion. Un voyage à l’étranger, pourquoi faire ? Dire que plusieurs de nos ministres voyagent presque sans «motif apparent» n’est pas exagéré. «Qu’irait faire le secrétaire d’Etat au Développement rural en Chine ?!», s’interroge un ex-responsable gouvernemental ?! Alors qu’une source associative dit se torturer les méninges pour comprendre l’attrait que des capitales occidentales (Bruxelles notamment) exercent sur la ministre déléguée chargée des RME ! La liste des interrogations de ce genre n’en finit pas de s’allonger.
Un membre de la délégation présidée par Youssoufi lors d’un voyage en Chine se souvient de l’embarras de l’homme au moment de passer aux choses sérieuses. Hommes d’affaires et quelques ministres étaient introuvables. Ils étaient partis faire du shopping !
Plusieurs autres sources, interrogées par ALM, évoquent carrément le cas de plusieurs membres de cabinets et conseillers ministériels qui sont constamment en voyage à l’étranger et pour de longues durées pour certains. Il y en aurait même qui ne remettent pas le pied au Maroc pour six mois ou un an tout en continuant à percevoir salaires et indemnités par virements en devises.
Même à l’intérieur du pays, un voyage ministériel coûte cher au contribuable. Le ministre, qui ne se déplace jamais seul, a à sa disposition tous les services extérieurs de son département, moyens humains et financiers compris. Anecdotique, les quelques classes d’une école rurale ou le dispensaire inaugurés en grande pompe reviennent parfois moins chers que le déplacement du ministre !
Si le Premier ministre se «permet» aujourd’hui de rappeler à l’ordre les membres de son équipe, c’est qu’il s’interdit personnellement d’abuser des voyages à l’étranger et des coûts que cela implique. A Driss Jettou, il est arrivé de se déplacer à Paris, Bruxelles, Tunis, Rome et Milan et d’être chez lui le même jour. Comme il lui est arrivé de prendre un jour et demi pour visiter le Mali ou le Niger. Parmi ses records, figure un voyage-éclair de 2 jours en… Thaïlande et en vol régulier. Le Premier ministre veut appliquer la même rigueur à son entourage puisqu’il limite le nombre de ses accompagnateurs à deux seulement. Quand cela s’impose.

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