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Karim Snoussi : « Non à la flotte européenne »

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ALM : Les professionnels du secteur de la pêche ont-ils été impliqués dans les négociations que le Maroc a entamées avec l’Union européenne au sujet d’un éventuel accord de pêche ?
Karim Snoussi : Malheureusement, et comme à l’accoutumée, nous n’avons été impliqués ni avant, ni pendant les négociations avec l’Union européenne. Nous obtenons des informations, comme n’importe qui, à travers des articles de presse. Je trouve cette situation tout à fait dramatique. Ce black-out est intolérable, surtout au vu de la situation désastreuse que connaît le secteur de la pêche au Maroc. Et à ce titre, la qualité de la communication entre les professionnels et le ministère de tutelle a toujours été déplorable.

Vous dites que la situation du secteur est catastrophique. Comment cela ?
Effectivement, la situation est actuellement catastrophique et très préoccupante. Dans ce secteur, des milliers de barques opèrent illégalement et dans une impunité totale, essentiellement au large des côtes des provinces du Sud. En face d’elles, il y des bateaux qui investissent, se modernisent, se mettent à niveau et surtout respectent la réglementation en vigueur et les décisions du gouvernement. Mais ces bateaux souffrent affreusement de cette concurrence déloyale. Plusieurs risquent de déposer leurs bilans. La raison est bien simple : les périodes de repos biologique durent de plus en plus longtemps. et même la promesse ministérielle de diminuer le nombre des barques de 15.000 actuellement à 2.500 est une utopie.

Que faut-il faire, selon vous, pour sortir le secteur de son marasme?
A mon avis, la première décision à prendre doit consister à effectuer une radiographie précise de la situation de nos stocks. Aujourd’hui, c’est l’INRH qui s’en occupe. Mais comme cet institut dépend directement du ministère de la pêche, les professionnels se disent prêts à financer une expertise étrangère pour la réalisation de ce diagnostic. Une fois que nous disposerons d’un avis objectif et fiable, les droits et les devoirs de chacun seront clairement définis.

En somme, vous ne semblez pas être favorable à un retour de la flotte européenne ?
Il n’est pas question d’être pour ou contre la flotte européenne. A ce titre, je peux vous assurer que le secteur de la pêche se portait très bien du temps où les européens étaient là. Après leur départ, le secteur a sombré dans une anarchie totale. Aujourd’hui, il faudrait, avant de parler de négociations avec l’Union européenne, assainir ce secteur et ne pas céder aux humeurs de certains ou aux pressions de grands groupes. Car le retour de la flotte européenne dans les conditions actuelles signifie que nous allons imposer une ponction supplémentaire à un stock déjà très limité.
Ceci dit, si le gouvernement marocain veut coûte que coûte signer un accord avec l’Europe, cela veut dire qu’il y a un deal politique derrière dont les tenants et les aboutissants m’échappent complètement. J’espère que le secteur ne sera pas une victime d’un marchandage politique.

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