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La démocratie assassinée par les partis

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Après une longue et dure période de préparation pour l’organisation des élections communales du 12 septembre, le moment est venu pour mettre en place les instances dirigeantes des différents espaces de gestion locale. Mais, au vu de ce qui se trame dans plusieurs régions du royaume, il y a lieu de s’inquiéter sur le sort de la démocratie dans notre pays. En effet, alors que les pouvoirs publics ont mis en place un mode de scrutin de liste à la proportionnelle, à même d’aider les différents partenaires politiques à axer leurs efforts et réflexions sur les contenus concrets et réalisables de leurs projets locaux, l’on assiste à un cumul de dysfonctionnements qui pourra nuire à tout l’édifice réalisé dans le sens de la gestion autonome des affaires publiques locales. A Rabat, la capitale du Royaume, le taux de participation n’a pas dépassé les 30% du nombre total d’électeurs inscrits. Le nombre de bulletins nuls a atteint 40 % des voix exprimées dans certains bureaux de vote. Aucune leçon n’a été tirée de ces faits, et aucune position politique n’a été franchement déclarée par les dirigeants des formations partisanes. Dans cette capitale, toujours, 16 partis doivent cohabiter entre eux et se partager la responsabilité de la gestion de la ville, mais jusqu’à présent, la visibilité fait défaut quant à la nature et l’identité des forces partisanes susceptibles d’accomplir cette mission. Seule l’USFP présente un projet pour cette ville et seules les tractations et les manigances de bas étages et de mauvais goût prévalent dans les coulisses, et ce alors que les leaders politiques continuent d’exprimer leur euphorie et leur satisfaction béate concernant l’intégrité de ces élections. Ni le nombre élevé d’abstention, ni le record observé au sujet des bulletins nuls, ni la balcanisation du champ politique, ni même l’insoumission des troupes partisanes ou les différentes mutineries personnelles relevant d’ambitions n’ayant aucun rapport avec l’intérêt du pays ou l’absence quasi-totale de certains partis à contrôler leurs adhérents, n’ont pu inciter les états – majors des partis à dépoussiérer leur champ d’action. Tout baigne dans l’absence de la logique. Casablanca, qui a connu l’une des manifestations anti-terroristes les plus imposantes dans le monde, vient d’offrir ses voix à des élus, dont la majorité sont des conservateurs ou pro-intégristes. Dans plusieurs villes et communes rurales, des coalitions d’intérêts, souvent contre nature ont pris le dessus sur les alliances naturelles et dévoilent certaines stratégies personnelles. Dans plusieurs cas, les personnes qui bataillaient pour l’occupation des premières places dans les listes des candidatures, sont les mêmes qui complotent, ces derniers temps, pour soutirer des avantages en leur faveur. Au détriment de la démocratie et dans la transgression totale des dispositions de la loi. Bouznika -bay est devenue une véritable baie de cochons pour certains mafieux en quête de titres politiques ou de préservations d’acquis. La police judiciaire a procédé à l’arrestation de sept élus de la commune de Lakhnichet (province de Sidi Kacem) dans une résidence à la plage de Bouznika. Les intéressés ont été présentés au ministère public pour enquête. Dans le même ordre, un groupe d’élus de la municipalité de Nador a été arrêté dans une villa dans la ville de Bouznika, pour «tentative d’obtenir le suffrage d’électeurs en contrepartie d’avantages, tentative de porter atteinte à la transparence du vote et acceptation d’avantages contre le vote en faveur d’une personne et ce, conformément aux articles 100 et 106 de la loi 9/97 du code électoral». Or, même si les membres de ce groupe ont été acquittés par la Justice, il n’en demeure pas moins important de signaler que dans la ville de Nador, il n’y a pas l’ombre d’un doute de l’existence de l’odeur de la corruption dans cette affaire. A Marrakech, 17 personnes ont été arrêtées dont 14 élus pour les mêmes raisons précitées; et ce, à moins d’une semaine de la tenue de la séance d’installation du nouveau conseil de la ville. Bref, ces cas ne sont que l’aspect apparent d’un iceberg qui touche une grande partie de la société partisane. Politiquement, le mal est enraciné, et les exemples de malversations n’échappent à aucune agglomération. Mais, cela n’exclut en rien la responsabilité des uns et des autres. Certes, faute de garde-fous à même de réduire ses défauts, le mode de scrutin de liste est devenu un simple instrument d’infiltration des petites formations de blocage à l’espace politique. Mais, à cette tare sui generis, s’ajoutent la corruption et les différents moyens de malversations utilisés par certains élus. Et toutes les mesures de sécurité du monde sont incapables d’éradiquer ce mal dans ses racines, tant que les premiers concernés, à savoir les partis politiques, ne se soulèvent pas contre ces fléaux qui les rongent de l’intérieur et menacent leur propre vie. Mais, encore faut-il que ces derniers sachent ce qu’ils veulent.

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