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La démocratie marocaine en examen

Un point de presse du ministre de l’Intérieur, n’est pas chose coutumière au Maroc. Quand l’objet de la rencontre est l’offensive inédite de communication autour des élections que le département de l’Intérieur s’apprête à lancer, le rendez-vous est particulièrement couru par les responsables et représentants des différents médias. Cela n’a pas manqué d’être le cas mardi, au siège du ministère de l’intérieur à Rabat, pour un lever de rideau sur la campagne de communication qui sera lancée le même jour autour de la généralisation de la carte d’identité nationale (CIN), la révision exceptionnelle des listes électorales et plus généralement l’adhésion à la consultation de septembre prochain.
Driss Jettou, ministre de l’Intérieur, a profité de la présence de cette audience médiatique pour passer en revue les différentes étapes de consultation qui ont abouti à un consensus autour des principaux points devant régir le déroulement des législatives. Un travail de longue haleine, ponctué de réunions avec les responsables des partis politiques représentés au Parlement, dont la dernière, tenue le 16 avril, a permis d’asseoir le consensus tant recherché.
L’accord de toutes les parties, rappellera le ministre, est désormais acquis en ce qui concerne le mode de scrutin, le niveau minimum de représentation, les éléments de base du découpage électoral, l’utilisation du bulletin unique de vote, la constitution et le mode d’action des deux commissions techniques chargées d’examiner les projets de texte et de suivre l’opération informatisée de révision des listes électorales, ainsi que des autres commissions chargées des questions de l’information, du suivi des élections au niveau régional et du financement public des campagnes électorales.
Ces rappels étant faits, le ministre a réaffirmé l’impartialité absolue de l’administration qui «ne dépassera pas les prérogatives définies par la loi» et qui ne saurait «en aucun cas être considérée comme partie ou adversaire lors des prochaines élections». Voilà qui place les préparatifs des élections dans le nouvel esprit que l’on entend instaurer et constitue la transition par excellence vers l’inédite campagne de communication, objet de la rencontre.
C’est M. Brahimi, directeur général des collectivités locales qui se chargera de présenter les défis et enjeux de la campagne. Le constat de base est que le succès des prochaines élections, n’est pas uniquement un souhait partagé par toutes les composantes de la société marocaine, mais, bien plus, une exigence, qui, si elle faisait défaut, « hypothéquerait l’avenir du pays à l’interne et à l’international ». Il se trouve que, « le changement ne se décrétant pas », la volonté des citoyens et les réformes juridiques introduites, ne sauraient à elles seules faire parvenir au but recherché. Ce qu’il faudrait aujourd’hui, c’est « une sorte d’alchimie, combinant le pouvoir du décret, la détermination de la volonté politique, l’engagement et la responsabilité de tous, le culte des valeurs de citoyenneté et l’ancrage de la culture démocratique ». c’est à ce niveau que la communication «s’avère un moyen incontournable ».
D’autant plus incontournable que les prochaines élections, objet de tous les espoirs, surviennent en plein contexte de déficit de confiance dans les institutions élues, de désaffection des masses vis-à-vis de la chose politique, de multiplication de partis qui ajoute à la confusion du paysage politique. En somme d’un « apolitisme caractérisé de la société et de la jeunesse en particulier».
Tant les citoyens, au bout de 22 consultations électorales (dont 9 référendums, 6 législatives et 7 communales) depuis l’indépendance, ont fini par adopter, dans leur majorité, une posture de résignation vis-à-vis de l’impact des élections sur leur quotidien. Aujourd’hui, les choses se corsent avec le nouvel environnement juridique des opérations électorales. Le mode de scrutin de liste à la proportionnelle, suppose une « dépersonnalisation du vote » et une politisation plus marquée des électeurs. La liste nationale des femmes, consacre implicitement un double vote. La règle des plus forts restes, nécessite une gymnastique peu accessible au commun des électeurs. Des écueils qui, non seulement rendaient nécessaire cette offensive de communication, mais inscrivent dans le même registre, des actions similaires continues et permanentes auprès des citoyens.
Aujourd’hui, l’administration assure vouloir rompre avec les pratiques du passé et « asseoir le changement souhaité sur une communication moderne».
La finalité, affirme-t-on, est de valoriser les rapports pouvoirs publics-élections et citoyens-électorat, vaincre les résistances et lever le climat délétère de méfiance. La campagne «new look » que l’on promet aura le mérite premier de consacrer « l’immixtion du privé dans le périmètre de la politique» et de «baliser la voie au développement du marketing institutionnel».
En somme, donner une nouvelle image de l’émetteur public, en l’occurrence le ministère de l’Intérieur, et inscrire les rapports administrés-administration dans un nouveau registre de confiance et de modernité. Au delà de la transparence et de la crédibilité des prochaines élections, c’est le véritable passeport du Maroc pour le monde du troisième millénaire.

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