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La duplicité manifeste de Madrid

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Le Conseil de Sécurité a voté, le 31 juillet dernier, à l’unanimité, la résolution 1495 (2003) concernant l’affaire du Sahara. La principale décision fut celle de prolonger le mandat de la Minurso de trois mois supplémentaires, soit jusqu’au 31 octobre prochain. Le temps de relancer la négociation. A noter que les Etats-Unis, soutenus par l’Espagne (présidente en exercice du Conseil de sécurité) avaient proposé de voter une résolution imposant au Maroc le plan de paix de James Baker. S’agit-il simplement d’un sursis ou est-ce une véritable victoire d’étape pour le Maroc? En fait, le Conseil de sécurité souffle le chaud et le froid. La résolution adopte une attitude contradictoire. Commençons par les points positifs de la résolution. Tout d’abord, le Conseil de sécurité n’a pas considéré le Plan de paix de James Baker, envoyé personnel de Kofi Annan, comme imposable aux parties. Au contraire. Les membres du Conseil de sécurité ont affirmé que la résolution « n’impose rien aux parties ». Elle a été qualifiée de « base de négociation ». C’est donc une victoire d’étape qu’il faut consolider par une diplomatie agressive. Le Maroc ayant réussi, de justesse, à renverser la situation grâce à l’implication personnelle de S.M le Roi Mohammed VI et à l’appui français au sein de l’ONU. En effet, le ministre des Affaires étrangères, Mohamed Benaïssa, a déclaré au lendemain du vote du Conseil de sécurité, que cette résolution « reflète le rôle d’avant-garde de S.M le Roi Mohammed VI et les efforts soutenus déployés par le Souverain et par la diplomatie marocaine qui ont réussi à modifier la version initiale du projet de cette résolution ». Pour sa part, Taïeb Fassi-Fihri, ministre délégué aux Affaires étrangères, a souligné que la résolution 1495 consacre « le principe qu’aucune solution ne saurait être imposée ». Rappelons que sur instructions royales et en marge des négociations sur l’accord de libre-échange entre le Maroc et les Etats-Unis, Fassi-Fihri a rencontré à Washington plusieurs responsables du département d’Etat américain. Les discussions ont porté sur l’affaire du Sahara. Cette diplomatie, certes discrète, mais très percutante, a fini par donner ses fruits. Fassi-Fihri a estimé que « le Royaume maintient sa position ferme de refus du plan Baker, mais reste disposé à engager un dialogue avec toutes les parties concernées sous les auspices des Nations Unies, en vue d’aboutir à une solution définitive, juste et équitable assurant le bien-être du Maghreb tout entier ». Selon les termes de la résolution, le Conseil de sécurité affirme qu’une « solution politique est indispensable ». Toutefois, toute solution politique ne passe pas obligatoirement par le Plan Baker que la résolution qualifie, paradoxalement, « d’optimal ». En fait, la résolution comporte deux aspects importants, proches de la vision marocaine des choses. D’une part, l’idée de « négociations » et d’autre part celle du « développement économique du Maghreb ». Ces deux aspects se rejoignent en un seul point: la relation maroco-algérienne. Le Maroc a déjà donné le ton. Le problème artificiel au Sahara est une question entre Rabat et Alger. Les Marocains accusent la diplomatie algérienne d’être « activement mobilisée contre le Maroc ». Maintenant, l’Algérie est appelée, plus que jamais, à agir cartes sur table. L’Espagne est également concernée. Son double jeu risque d’altérer sérieusement ses relations, déjà fragiles, avec le Maroc. « Nous nous attendions à ce que l’Espagne (…) puisse favoriser l’émergence de solutions de compromis », a indiqué Fassi Fihri dans un entretien accordé à notre confrère « Le Matin du Sahara et du Maghreb », publié samedi. « Or, au contraire, a ajouté le ministre, nous avons assisté à une mobilisation de la présidence espagnole en faveur d’une thèse particulière qui ne correspond pas du tout à celle que nous leur avons explicitée ». En revanche, la résolution comporte un important point négatif: le Conseil de sécurité appuie le Plan de paix Baker, et demande aux parties de travailler avec l’ONU et l’une avec l’autre à son acceptation et à son application. En somme, l’adoption de la résolution 1495 n’est pas une fin en soi pour le Maroc. Tout reste à faire. Les négociations vont reprendre. L’Algérie et l’Espagne n’ont pas encore émis de messages clairs, dans le sens de l’appaisement. Dans trois mois, finirons-nous dans une impasse ? Les prochains jours le prouveront. Mais une chose est sûre: le Maroc ne sacrifiera jamais sa souveraineté sur ses provinces du Sud. SM Mohammed VI l’a exprimé solennellement lors de son discours du Trône: « …En tout état de cause, Nous affirmons que le Maroc a clos, au niveau interne, la question de la récupération légitime de ses provinces du Sud et qu’il se tient mobilisé, avec toutes ses forces, pour défendre son intégrité territoriale ».

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