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La femme marocaine dans tous ses combats

© D.R

Quel état des lieux peut-on dresser de la situation de la femme marocaine ? Quelle distinction peut-on faire entre cette situation et celle de tout le pays ? Et est-il d’abord possible de mettre toutes les femmes dans le même panier, dans une journée censée lui être consacrée ?
Le 8 mars a au moins un mérite, celui d’amener tout citoyen à se poser des questions de ce genre, à réfléchir sur au moins 50%, en nombre et importance, de la société marocaine. Une journée qui a la particularité cette année de coïncider avec un fait majeur, ayant marqué l’année 2004, et qui n’est autre que la mise en application du nouveau Code de la famille, cette révolution tranquille censée rendre justice à la femme marocaine et la sécuriser dans ses droits et dans son égalité avec l’homme.
La célébration cette année de la Journée internationale de la femme, commémorée sous le signe de l’égalité et de la parité entre les sexes, coïncide avec le premier anniversaire de l’entrée en vigueur de ce code, fruit de l’évolution socio-économique du Maroc. La femme marocaine est désormais au centre du processus de développement, dans le sens le plus large du mot.
Un développement qui compte maintenant une présence et une participation toujours plus actives de la femme marocaine. Quelques chiffres peuvent en témoigner. Quelque 33% des femmes marocaines sont des femmes actives. Plus de 25% sont chefs de famille et elles sont de plus en plus nombreuses à accéder aux postes de responsabilité et de décision.
Le Gouvernement marocain compte ainsi deux femmes ministres, et les femmes sont présentes à une large échelle dans l’enseignement, dans la médecine (24%), dans la profession d’avocat et de dentiste (30%) alors que 6.000 femmes sont chefs d’entreprise et un tiers des fonctionnaires de l’Etat sont de sexe féminin.
D’autre part, et dans la perspective des prochaines élections législatives, les listes se multiplient et quelque 35 femmes ont exprimé leur intention de se présenter à ce scrutin, sachant que les partis ont, d’ores et déjà, convenu que 30 femmes seront parlementaires (sur 250) au lieu de trois actuellement, quels que soient donc les résultats de ces élections.
Une situation que les nouveautés apportées par le Code de la famille réconfortent. Le code porte notamment à 18 ans au lieu de 15 l’âge légal du mariage des femmes, pose de sévères conditions à la répudiation comme à la polygamie et permet également à la femme de 18 ans de se marier sans l’autorisation d’un tuteur. Des évolutions qui, parmi d’autres, constituent le cadre égalitaire sur lequel les relations hommes-femmes doivent être appréhendées. Mais le tableau est loin d’être tout rose pour autant. «Les femmes se sentent mieux protégées», se réjouit Mme Maghraoui, la responsable du centre d’écoute Ennajda (le secours) de l’Union de l’action féminine (UAF), citée par l’AFP. Mais aujourd’hui, elle déplore que «l’application du code rencontre de nombreuses difficultés». D’après elle, les juges, conservateurs, ne prennent pas le nouveau texte en compte. Les maris ne respectent pas toujours les verdicts, se débrouillant par exemple pour ne pas payer de pension alimentaire. On l’aura compris, les textes ont changé, mais pas encore les mentalités.
En dehors de cela, les années se succèdent, mais sont loin de se ressembler pour la femme marocaine. Plus ouverte, plus exigeante, vis-à-vis d’elle-même, mais aussi de son entourage, la femme marocaine semble avoir gagné au moins un pari, celui de la conscience de ses droits et obligations, de sa propre existence, autonome, libre et responsable. Mais de tout cela, un fait est à retenir. Il n’est autre que l’évolution que connaît le statut de la femme marocaine au sein d’une société qui ne cesse de se remettre en question, dans le bon sens, se donnant ainsi les moyens de concrétiser une certaine équité et une certaine justice parmi ses différentes composantes. Mais cet état d’esprit nouveau ne cache que trop mal qu’au sein de cette société, plusieurs formes d’injustices sont commises, chaque jour et au vu et su de tous. Le pays évolue, certes, mais sans ses larges franges de femmes rurales, qui continuent à subir la double-contrainte de travailler à l’intérieur comme à l’extérieur de son ménage pour assurer des conditions tout au plus élémentaires de survie à sa famille.
L’évolution au Maroc semble ne pas comprendre ses milliers de petites filles, forcées dès leur tendre enfance à s’exiler, loin de leurs campagnes, dont elles sont en majorité issues, pour travailler comme bonnes à tout faire, pour des sommes modiques, dont elles ne voient même pas la couleur. Une évolution qui ne semble pas se préoccuper de ces jeunes filles et femmes qui, au nom de répondre à leurs besoins et ceux des leurs, sont prêtes à tout faire. Une évolution qui ignore qu’elle a lieu sur un terrain où l’ignorance et l’analphabétisme, qui touchent toujours et encore plus, la femme marocaine, sont toujours de mise. Où la fille a tout simplement moins de droits que le garçon, à l’éducation, aux choix de vie et de carrière et au libre-arbitre.

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